Sur les 6 milliards d'habitants dans le monde, plus de la moitié consomment du riz comme aliment de base. Or, les prix mondiaux du riz augmentent depuis le début de 2003. Des augmentations modérées de 9 % en 2006 et de 17 % en 2007 ont été enregistrées, mais, depuis le début de 2008, les prix internationaux du riz ont montré une forte tendance à la hausse, reflétant un accès limité aux disponibilités de riz1. En mars 2008, le riz tha? 100 pour cent B de qualité supérieure (riz blanc) était coté 562 dollars la tonne, soit une augmentation de 74 % depuis mars 2007, et a atteint 898 dollars la tonne à la mi-mai 2008. De même, le riz tha? A1 super 100 pour cent de brisures, a connu une augmentation soutenue de 94 %, passant de 263 dollars la tonne en mars 2007 à 522 dollars en mars 2008, et est monté en flèche pour atteindre 764 dollars la tonne deux mois plus tard. En mai 2008, les prix mondiaux du riz avaient plus que doublé par rapport à leur niveau de 2007.
Les plus durement touchés par cette envolée des prix ont été les grands pays importateurs de riz, en particulier les Philippines, le premier pays importateur de riz dans le monde. L'augmentation des prix mondiaux a également entraíné une hausse des prix intérieurs du riz, qui ont augmenté de mars 2007 à mars 2008 de 100% au Bangladesh et au Cambodge, de 70 % en Afghanistan, de 55 % au Sri Lanka et de 40 % aux Philippines2. Les échanges de riz représentent seulement 6 à 7 % de la production mondiale chaque année1. Ce marché réduit explique pourquoi le prix du riz a subi les plus fortes fluctuations parmi les produits de base mondiaux.
La crise du riz causée par l'envolée des prix et les difficultés d'approvisionnement ont des conséquences graves. Le riz représente environ 60 % de la consommation alimentaire en Asie du Sud-Est et environ 35 % en Asie de l'Est et du Sud. Selon un rapport de l'Institut international de recherche sur le riz, 700 millions de personnes, soit deux tiers des pauvres de la planète, vivent dans les pays producteurs de riz en Asie. Elles dépensent jusqu'à 30 à 40 % de leurs revenus à l'achat de riz seulement. Les pauvres sont donc vulnérables à la flambée des prix du riz, car elle diminue considérablement leur pouvoir d'achat et entraíne une privation et une malnutrition alimentaires graves2. Au cours des derniers mois, la crise du riz a provoqué des troubles sociaux, des manifestations massives et des émeutes dans plusieurs pays3.
Dans cet article, nous examinerons les causes fondamentales de la crise récente du riz et évaluerons dans quelle mesure la Réserve de riz pour les situations d'urgence de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), la Réserve de riz pour les situations d'urgence en Asie de l'Est et la Réserve pour la sécurité alimentaire de l'Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR) sont efficaces pour faire face aux crises mondiales du riz passées et présentes. Nous formulerons aussi des propositions pour constituer une réserve alimentaire mondiale comme alternative aux réserves de riz régionales existantes. Nous proposerons aussi des mesures pour améliorer la productivité des pays producteurs de riz, renforcer l'information liée au marché afin d'accroítre les stocks et de mieux déterminer la capacité de production et la demande de chaque pays participant et sa contribution à la réserve alimentaire mondiale.
LES CAUSES FONDAMENTALES DE LA CRISE DU RIZ
L'envolée mondiale des prix du riz sur le marché international depuis six ans est en grande partie due au déclin des stocks mondiaux de riz, alors que la consommation mondiale a dépassé la capacité de production. Depuis dix ans, la consommation mondiale de riz progresse plus rapidement que la production de riz, soit à un rythme annuel légèrement supérieur à 2 % contre 1,07 % (tableau 1), ce qui a entraíné une chute des stocks de 12 %, qui sont passés de 119 millions de tonnes en 2003 à 104,5 millions en 2007 (tableau 2). Selon les prévisions de l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), les stocks de riz diminueront encore pour atteindre 103,5 millions de tonnes, ce qui implique que la demande surpassera encore plus la capacité de production. La Chine détient actuellement environ la moitié des stocks mondiaux de riz.
LES EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
De nombreux facteurs ont contribué au déséquilibre entre la demande et l'offre. Dans de nombreux pays, la production du riz a été affectée par le dérèglement climatique. La sécheresse prolongée en Australie au cours des quatre dernières années a entraíné une chute de la récolte de riz qui a atteint jusqu'à 98 % par rapport aux niveaux précédents. Le cyclone Nargis qui a frappé le Myanmar en mai 2008 a détruit une grande partie de la production de riz paddy en submergeant les rizières d'eau salée; les inondations importantes au Bangladesh, en 2007, les typhons aux Philippines de 2006 à 2008, les températures anormalement basses au Vietnam et la sécheresse qui a sévi en Inde et en Chine en 2002 ont également contribué à la baisse de la production. De plus, l'insuffisance de la production mondiale de riz est aggravée depuis 2005 par la résurgence des organismes nuisibles et des maladies pendant la saison de croissance. En Chine, en Indonésie, en République de Corée, au Japon et au Vietnam, des températures anormalement élevées et l'utilisation d'insecticides résiduels à spectre étendu, qui perturbent les mécanismes de défense naturelle contre les organismes nuisibles, ont aussi contribué au déclin de la production de riz. Rien qu'au Vietnam, ces organismes ont détruit 200 000 tonnes de riz.
Une autre raison importante du déséquilibre persistant entre l'offre et la demande est la faible croissance des rendements de riz, qui depuis dix ans est de moins de 1 % en Asie et dans le monde (tableau 1). En Chine, le premier pays producteur de riz au monde, et au Myanmar, les rendements de riz ont diminué respectivement de 0,10 à 0,73 % en moyenne au cours des dix dernières années. Au Japon, ils se sont stabilisés sur la même période, avec une croissance annuelle moyenne de seulement 0,29 %. La Tha?lande, le premier pays exportateur de riz au monde, a enregistré un taux de croissance annuel inférieur de 1,38 % par rapport à celui des Philippines, le premier pays importateur, qui a atteint 3,48 %. En 2007, les rendements de riz de la Tha?lande (2,71 tonnes par hectare) ont été moins élevés que ceux des Philippines (3,86 tonnes par hectare). Toutefois, la surface totale consacrée au riz (10 430 hectares) était deux fois et demie plus importante en Tha?lande qu'aux Philippines (4,250 hectares) cette année-là.
BAISSE DES INVESTISSEMENTS DANS L'AGRICULTURE
Les rendements de riz limités sont aussi dus au déclin des investissements dans la recherche et le développement de la riziculture et dans les infrastructures agricoles de nombreux pays producteurs de riz. Comme l'indique le rapport de l'Institut international de recherche sur le riz, les bailleurs de fonds internationaux n'ont pas apporté un soutien suffisant à la recherche et au développement agricole. Sans une aide extérieure importante, ce problème est aggravé, car le manque de capitaux empêche de nombreux gouvernements de soutenir ce secteur et de maintenir les systèmes d'irrigation. En Asie, l'investissement public annuel destiné à l'agriculture a connu un taux de croissance annuel de 3,9 % dans les années 1990, en comparaison de 4,3 % dans les années 1980. En 2000, seulement 0,4 % du produit national brut était consacré à la recherche et au développement dans les pays asiatiques, en comparaison de 0,53 % dans l'ensemble des pays en développement et de 2,36 % dans les pays développés5.
En outre, la hausse des prix des engrais, du carburant et de l'énergie ont entraíné une augmentation des co?ts de production de riz. Avec l'introduction de variétés de riz à rendement élevé qui nécessitent le recours aux engrais non organiques et à l'irrigation, la production mondiale de riz est devenue une industrie à haute intensité énergétique.
PRIX DE L'?NERGIE ?LEV?S
Une étude asiatique de la Banque mondiale réalisée en 2008 révèle que les prix mondiaux de l'énergie ont rapidement augmenté dans les années 2002/07, avec une hausse annuelle du prix du pétrole d'environ 10 dollars par baril en termes nominaux. Malgré d'importantes subventions dans les pays asiatiques, les prix de l'énergie ont enregistré une hausse de 20 à 50 % dans ces pays et les co?ts des engrais, de l'irrigation et des transports une hausse de 30 à 50 %. Une étude financée par la Banque mondiale6 note également que la hausse des prix de l'énergie et la chute du dollar ont entraíné une hausse des prix des denrées alimentaires d'environ 35 %. Aux Philippines, l'augmentation de 24 % du prix à la production du riz paddy et du prix en gros du riz blanc de janvier 2006 à mars 2008 a en grande partie été due au co?t des engrais d'urée qui a enregistré une hausse de 17 %. Ceci montre que la flambée des prix des engrais a contribué aux pressions inflationnistes exercées sur le prix des denrées alimentaires.
PERTE DES RIZI?RES
Une autre raison de la faible croissance de la production mondiale de riz est la conversion des rizières en zones industrielles et résidentielles dans de nombreux pays producteurs. La surface cultivée en riz a seulement augmenté de 0,22 % dans le monde et de 0,21 % en Asie (tableau 1) dans les dix dernières années. Des pays comme le Japon, la Chine et le Vietnam, sous la pression d'une urbanisation et d'une industrialisation rapides, ont réduit respectivement de 1,5 %, 0,67 % et de 0,03 % la surface des terres consacrées à la culture de riz. En dix ans, la Chine a perdu 8,8 millions d'hectares. De même, en Australie, la superficie cultivée en riz a été réduite à 6 000 hectares, après avoir atteint jusqu'à 126 000 hectares7. De leur c?té, le Brésil, l'Inde, l'Indonésie et la Tha?lande ont affiché des taux de croissance des surfaces cultivées en riz de moins de 1 % sur la même période, ce qui reflète une réduction des terres agricoles pour une production croissante de riz. Bien qu'aux Philippines, la superficie des terres cultivées en riz ait augmenté de 2 % depuis 1997, près de la moitié des terres irriguées ont été perdues au cours des 20 dernières années à cause de l'urbanisation croissante.
En ce qui concerne la demande, la croissance démographique, associée à une demande croissante et à une production limitée en Afrique et au Moyen-Orient, a contribué au déséquilibre entre l'offre et la demande mondiales de riz et à la hausse du prix de cette céréale. Le taux annuel de la croissance démographique de 1,14 % depuis 1997 a engendré une forte hausse annuelle de la consommation mondiale de riz de 2,05 % (tableau 1). La consommation mondiale est passée de 420 millions de tonnes en 2005 à 435,7 millions en 2007 - une augmentation de 3,7 % (tableau 2). Selon les estimations de la FAO, la demande mondiale de riz a augmenté d'environ 5 millions de tonnes par an.
C'est en Afrique que la consommation annuelle de riz a connu la plus forte hausse (3,92 %), en comparaison de l'Asie (1,01 %). Sur les deux continents, la consommation de riz a dépassé la production. Selon la FAO, bien que l'Afrique représente seulement 13 % de la population mondiale, elle importe près d'un tiers de la totalité du riz. De manière plus spécifique, l'Afrique sub-saharienne importe 40 % de riz pour ses besoins, alors que l'Afrique de l'Ouest en importe jusqu'à 67 %.
Le Bangladesh, l'Indonésie, les Philippines et le Vietnam figurent parmi les pays producteurs de riz qui ont enregistré la croissance démographique la plus rapide et la consommation de riz la plus élevée. En revanche, la Chine et le Japon ont enregistré une croissance négative de la consommation de riz et des taux de croissance démographique annuels très faibles sur la même période (0,05 % au Japon et 0,58 % en Chine). En plus d'une faible croissance démographique, la baisse de la consommation de riz dans ces pays est aussi due à l'augmentation des revenus qui aurait encouragé les gens à consommer davantage de viande et de produits laitiers.
INTERDICTIONS D'IMPORTATION ET CONS?QUENCES IMPR?VUES
Pour contr?ler la hausse des prix nationaux des produits de base, éviter des troubles sociaux et assurer la disponibilité du riz pour la consommation nationale, un certain nombre de pays exportateurs de riz importants, dont le Cambodge, la Chine, l'?gypte, l'Inde, le Pakistan et le Vietnam, ont imposé à partir d'octobre 2007 des restrictions strictes à l'exportation, des taxes à l'exportation, des seuils ou des prix minimums. Même des importateurs de riz traditionnels comme le Brésil et l'?quateur ont protégé leurs réserves de riz nationales. L'Indonésie a prélevé une nouvelle taxe sur ses exportations de riz afin de décourager les exportations. Parmi les grands exportateurs de riz, seuls la Tha?lande et les ?tats-Unis ont exporté du riz sans imposer de contraintes; bien que ces deux pays produisent seulement 6 % des cultures mondiales de riz, ils représentent environ 45 % des exportations de riz dans le monde8.
Avec ces restrictions à l'exportation, les exportations mondiales de riz ont chuté de 31 000 millions à 28,7 millions de tonnes en 2007 (tableau 2). Comme le marché du riz est peu développé et que les exportations sont assurées par une poignée de pays, les mesures adoptées récemment pour limiter les ventes internationales ont gravement faussé le mécanisme normal des échanges, limité l'approvisionnement mondial de riz et engendré une hausse des prix. Selon la FAO, la réduction de l'offre de riz a provoqué de nombreux manquements des exportateurs, qui n'ont pas honoré les contrats. Par exemple, deux fournisseurs cambodgiens de riz n'ont pas honoré leurs contrats avec le Programme alimentaire mondial déclarant que les nouveaux prix plus élevés compenseraient l'amende encourue pour le non-respect du contrat.
Les pays importateurs les plus importants - le Bangladesh, le Nigeria et les Philippines - ont été durement frappés par la hausse des prix causée en partie par les restrictions à l'exportation imposées par certains pays producteurs de riz. Les Philippines importent environ 15 % de leur approvisionnement total de riz. De plus, la constitution de réserves, suite à la spéculation des prix dans certains pays producteurs de riz, a limité l'approvisionnement national et fait monter les prix. En Tha?lande, des meuniers de riz n'ont pas honoré les contrats d'approvisionnement avec les exportateurs afin de tirer profit des prix élevés.
DEMANDE EN BIO?NERGIE
Face aux prix élevés du pétrole enregistrés ces dernières années et à la pollution causée par le diesel et/ou le pétrole utilisés dans les transports, les gouvernements des pays développés et des pays en développement investissent rapidement dans d'autres sources d'énergie, comme l'éthanol produit à partir de la canne à sucre, du manioc et du sorgho sucré, ou le biodiesel produit à partir de la noix de coco et de l'huile de palme. Le développement des cultures marchandes au détriment des cultures vivrières, qui représentent des marchés lucratifs en termes d'utilisation des terres, a exacerbé encore plus la crise alimentaire. Toutefois, les études ont montré que ce changement ne devrait pas avoir un impact sur les prix du riz, car celui-ci n'est pas utilisé dans la production des biocarburants, contrairement à d'autres céréales ou graines oléagineuses. D'autre part, il n'est pas facile de convertir les terres allouées à la culture du riz en terres destinées à la production de biocarburants5. Toutefois, le prix du blé est étroitement lié au prix du riz, ces deux céréales se substituant dans la consommation et les importations.
N?CESSIT? D'UNE COOP?RATION MULTILAT?RALE
La réduction des approvisionnements de riz a poussé les pays touchés à adopter des mesures à court terme pour stabiliser les prix. Ces mesures comprennent des restrictions aux exportations de riz, la distribution de nourriture sur une plus grande échelle, une augmentation de l'aide à la consommation, le maintien du contr?le des prix et la criminalisation de l'accumulation de stocks. Malgré ces mesures, la gravité de la crise du riz rend l'action nationale inadéquate et nécessite une coopération multilatérale.
La création de réserves alimentaires régionales ou mondiales envisagée dans le long terme permettrait de stabiliser les variations extrêmes des prix du riz sur le marché international. Ces réserves sont constituées de stocks de riz et d'autres céréales alimentaires (comme le blé et le ma?s) fournis par le biais de dons ou d'achats auprès des pays qui sont de larges producteurs de riz afin de pourvoir aux besoins des pays qui sont confrontés à des problèmes d'approvisionnement causés par la famine, les typhons et l'apparition d'organismes nuisibles et de maladies. Les réserves alimentaires seraient constituées pendant les périodes de récoltes abondantes et de bas prix et ouvertes aux pays à déficit vivrier, ce qui les protègerait contre la hausse des prix.
R?SERVES ALIMENTAIRES MONDIALES : LEUR EFFICACIT?
Le riz est la céréale de base la plus importante en Asie. En 2007, environ 91 % de la production mondiale de riz et 76 % des exportations de riz provenaient d'Asie8. Le succès de la mise en ?uvre d'une réserve alimentaire régionale dépend donc dans une large mesure de la coopération multilatérale parmi les pays de la région.
Trois plans ont été créés en Asie pour constituer des réserves de riz pour les situations d'urgence : la Réserve de riz pour les situations d'urgence de l'ANASE, la Réserve de riz pour les situations d'urgence en Asie de l'Est (EAERR) et la Réserve alimentaire de l'Association sud-asiatique pour la coopération régionale (ASACR).
R?SERVES DE RIZ POUR LES SITUATIONS D'URGENCE DE l'ANASE
Ce plan a été créé dans le cadre de l'Accord sur les réserves alimentaires d'urgence de l'ANASE, signé en 1979 par les ministres des Affaires étrangères de l'ANASE. Dans ce cadre de cet accord, les cinq pays membres fondateurs de l'ANASE (Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour et Tha?lande) se sont engagés sur une base volontaire à constituer un stock commun de riz pour la région, avec comme objectif principal de répondre aux situations d'urgence causées par les catastrophes extrêmes et imprévues, qu'elles soient naturelles ou provoquées par l'homme. L'accord ne visait pas à combler les déficits continus des pays membres, qui étaient généralement compensés par les importations. Les réserves initiales de riz s'élevaient à 50 000 tonnes : la Tha?lande a fourni 15 000 tonnes, l'Indonésie 12 000 tonnes et les Philippines 12 000 tonnes, la Malaisie 6 000 tonnes et Singapour 5 000 tonnes. Quand le Brunéi Darussalam et le Vietnam sont devenus membres de l'anase, apportant respectivement 3 000 tonnes et 14 000 tonnes, la réserve comprenait 67 000 tonnes en 1997. Mais malgré ses quelque 27 ans d'existence, elle n'a pas augmenté de manière sensible, atteignant seulement 87 000 tonnes. En fait, elle ne suffisait même pas à fournir aux populations des dix pays membres de l'anase une ration de riz pour une demi-journée9.
La réserve de riz d'urgence de l'ANASE n'ayant jamais été opérationnalisée et les stocks étant insuffisants pour répondre aux besoins d'urgence, l'Agence japonaise de coopération internationale a chargé une équipe d'étudier la situation. Celle-ci a recommandé la création d'un projet pilote de trois ans pour la constitution d'une réserve de riz d'urgence pour l'Asie de l'Est semblable à la réserve d'urgence de l'ANASE.
R?SERVE DE RIZ POUR LES SITUATIONS D'URGENCE EN ASIE DE L'EST
La réserve, approuvée en 2003, est un mécanisme régional de coopération parmi les pays de l'ANASE plus la Chine, le Japon et la République de Corée (l'ANASE plus 3). Le projet pilote de trois ans, qui a débuté en mars 2004, a été prolongé jusqu'en mars 2008. Bien que la réserve de riz d'urgence pour l'Asie de l'Est ait suivi en grande partie le modèle de l'ASANE, certains changements structurels et opérationnels ont été apportés (tableau 3). En plus des initiatives prises par l'anase, elle a adopté des mesures pour assurer la sécurité alimentaire au sein de la région et renforcer les relations commerciales entre les pays membres et le reste du monde.
La réserve a également inclus un mécanisme détaillé sur le déblocage des stocks et la distribution de riz dans les situations d'urgence dans le cadre de divers programmes, à savoir les échanges commerciaux en cas d'urgence, l'aide alimentaire sous forme de prêts à court ou à long terme et la réduction de la pauvreté. Outre ses objectifs de sécurité alimentaire, elle a également encouragé le commerce intra et interrégional et renforcé la compétitivité des pays membres par le transfert de la technologie, la coopération régionale et la participation du secteur privé9. De plus, la réserve répond aux problèmes d'approvisionnement pendant les situations d'urgence et normales et maintient des stocks physiques plut?t que des stocks théoriques.
Dans le cadre du programme de l'Asie de l'Est, chaque pays membre de l'ANASE plus 3 s'engage à fournir une quantité spécifique de riz et contribue au stock d'urgence. Un des avantages de ce plan par rapport au modèle de l'anase est la mise en place d'une équipe de gestion qui évalue les conditions déficitaires ou excédentaires dans les pays membres et transfère les stocks entre les pays pendant une situation alimentaire d'urgence10. En cas d'urgence, cette équipe pourrait puiser dans la réserve de riz d'un pays et la transférer à un autre pays confronté à une catastrophe et dont les réserves d'urgence dépassent les stocks prévus. Les co?ts de transport et les co?ts opérationnels seraient toutefois à la charge du pays en difficulté.
COMPARAISON ENTRE LES PROGRAMMES
Ces deux programmes diffèrent aussi en matière de supervision et de coordination. Dans le cadre de la réserve de riz d'urgence de l'ANASE, la responsabilité de la coordination n'incombait à aucun pays spécifique. Au lieu, la présidence du Comité de la Réserve de riz d'urgence de l'anase était assurée par roulement. Puisqu'il n'y avait pas de budget spécifique alloué à la réserve, les pays membres comme le Brunéi Darussalam, l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Tha?lande et le Vietnam s'engageaient à alimenter le stock de réserves de riz par des contributions volontaires. Contrairement au programme de l'ANASE, le projet pilote d'une réserve de riz d'urgence pour l'Asie de l'Est a été mis en ?uvre avec un pays coordonnateur, le Japon, qui a fourni un budget de 40 millions de yens ou 380 000 dollars pour financer les dépenses du Secrétariat en 2004/059. La Tha?lande a également fait des contributions en nature. Avec le Japon comme acteur de premier plan et fournisseur des ressources financières, on a estimé que les processus et les mécanismes seraient adoptés pour mettre en ?uvre le nouveau modèle de réserve régionale d'urgence, avec des résultats concrets à la clé. Les relations commerciales devraient être florissantes entre les pays membres et le reste du monde.
Bien que les deux programmes mettent l'accent sur le commerce du riz, le programme de l'anase ne comprend pas d'initiatives pour améliorer la productivité de riz dans les pays membres qui connaissent des pénuries de riz de manière chronique. La réserve pour l'Asie de l'Est reconnaít cependant qu'il faudrait envisager des interventions pour assurer le transfert de la technologie et accroítre les investissements dans l'agriculture pour améliorer la productivité de riz et la compétitivité internationale.
Dans quelle mesure ces deux programmes ont-ils été efficaces ? En raison de la quantité négligeable des réserves de riz, la réserve de riz d'urgence de l'anase n'a pas été en mesure de répondre aux situations alimentaires d'urgence dans la région de l'Asie du Sud-Est. Ne pouvant être utilisée qu'en cas d'urgence, les pays membres n'y ont pas eu recours, craignant peut-être qu'admettre une crise alimentaire pourrait causer des troubles sociaux et affaiblir la situation politique du pays en difficulté dans la région9. C'est ce qui s'est produit en Indonésie en 1997 lors de la grave pénurie de riz : au lieu de puiser dans la réserve de riz d'urgence, le gouvernement a obtenu des prêts du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale afin d'importer de la nourriture d'autres pays comme la Tha?lande et le Vietnam. De plus, de par la nature bilatérale des mécanismes mis en place pour traiter les demandes d'accès aux stocks de riz réservés, les conditions et le prix de la transaction étaient imposées par le pays fournisseur. Un pays confronté à une pénurie de riz était donc à la merci de son voisin mieux loti, puisque l'anase ne jouait pas de r?le dans les négociations commerciales. La réserve de riz d'urgence semble être plus bénéfique pour le Japon et la Tha?lande, qui ont fermement soutenu son adoption. Les autres pays ont pris part à la phase pilote, en grande partie pour des raisons diplomatiques et pour optimiser les ressources rendues disponibles par le Japon. Pour la Tha?lande, qui est l'un des plus grands pays producteurs mondiaux de riz, la réserve pour l'Asie de l'Est représente un marché potentiel pour ses exportations de riz, étant donné la concurrence serrée sur le marché mondial. Pour le Japon en revanche, qui est obligé d'importer du riz en vertu d'accords avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le programme est une fa?on de protéger le marché japonais du riz. Détenir un stock important de riz importé dans son marché aura un impact négatif sur les producteurs de riz japonais, mais la réserve pour l'Asie de l'Est permettra au Japon d'avoir un deuxième approvisionnement en riz en cas de demande dans son marché tout en se conformant à son engagement à l'égard de l'omc.
R?SERVE DE S?CURIT? ALIMENTAIRE DE L'ASACR La Réserve alimentaire de l'Association sud-asiatique pour la coopération régionale (ASACR) a été également con?ue sur le modèle du fonds de réserve d'urgence en riz de l'ANASE. Elle est entrée en vigueur en 1988 pour répondre aux situations d'urgence des pays membres fondateurs : le Bangladesh, le Bhoutan, l'Inde, les Maldives, le Népal, le Pakistan et le Sri Lance. La réserve s'élevait à 241 580 tonnes de riz et de blé.
Le Conseil de l'asacr, composé de représentants des pays membres, est chargé d'examiner et d'évaluer périodiquement la situation alimentaire dans la région, notamment la production, la consommation, le commerce, les prix, la qualité et les stocks des céréales alimentaires. Il se réunit une fois par an pour évaluer la situation alimentaire générale en Asie du Sud et dans les autres pays du monde.
Similaire à la réserve de riz de l'anase, la réserve de l'ASACR a rencontré les mêmes problèmes. L'un des problèmes venait du fait que dans les situations d'urgence, la coopération bilatérale l'emportait sur la coopération régionale. Par exemple, en 2006, l'Inde a soutenu le Sri Lanka et le Bangladesh pour les aider à faire face aux pénuries11. Un autre problème concerne la non-utilisation de la réserve malgré les situations alimentaires d'urgence dans certains pays membres12. Le processus compliqué et les conditions opérationnelles difficiles sont la raison principale du mauvais fonctionnement de ce programme. L'une des conditions principales pour utiliser les céréales alimentaires de l'asacr était qu'un pays membre déclare une situation d'urgence nationale, or aucun gouvernement n'était prêt à le faire pour puiser dans les réserves.
Pour surmonter les insuffisances de la réserve de sécurité alimentaire de l'ASACR et améliorer sa performance, les pays membres ont conclu un accord en 2007 lors du 14e Sommet de l'ASACR afin de créer une banque alimentaire de l'asacr pour la sécurité alimentaire et le développement agricole à long terme. L'Afghanistan est devenu membre de l'asacr cette année-là. Le champ d'action de l'Association a été élargi au-delà des situations d'urgence pour agir non seulement comme réserve de sécurité alimentaire régionale pendant les situations d'urgence, mais aussi pour apporter un appui régional aux efforts nationaux de sécurité alimentaire, encourager l'intégration régionale et résoudre les pénuries alimentaires régionales par une action collective12.
La Banque alimentaire de l'ASACR disposera de 241 580 tonnes de réserves de riz et de blé, dont le Bangladesh fournira 40 000 tonnes, le Bhoutan 180 tonnes, l'Inde 153 200 tonnes, les Maldives 200 tonnes, le Népal 4 000 tonnes, le Pakistan 40 000 tonnes et le Sri Lanka 4 000 tonnes. La part de l'Afghanistan sera établie plus tard. En plus de la réserve nationale, les stocks resteront la propriété des pays membres. Les céréales alimentaires seront stockées dans les installations de stockage respectives13. Dès qu'un pays membre de l'asacr fera face à une pénurie, il pourra puiser dans son propre stock pour répondre à une situation d'urgence. Si la quantité est insuffisante pour faire face à la demande, le pays aura accès à un prêt lui permettant de se procurer des céréales alimentaires dans un pays voisin membre de l'ASACR. Le pays qui a recours à la banque alimentaire n'aura rien à débourser mais il devra réapprovisionner le site de céréales alimentaires une fois que la crise sera terminée.
De plus, l'accord de l'ASACR comprend des principes généraux concernant la fixation du prix des céréales alimentaires et les conditions de paiement12. Ils seront établis dans le cadre de négociations directes entre les pays membres concernés appliquant les directives sur la fixation des prix, comme elles sont périodiquement approuvées par le Conseil de la banque mondiale de l'asacr. L'accord de l'asacr vise à rationaliser et à améliorer les dispositions concernant les procédures de retrait et de déblocage des céréales. Il définit le r?le du conseil de l'ASACR dans la gestion de la banque alimentaire. L'accent est mis sur la coopération multinationale plut?t que sur des arrangements bilatéraux et la participation du secteur privé est encouragée.
Aujourd'hui, la banque alimentaire de l'ASACR n'est pas encore entièrement opérationnelle, seuls le Bangladesh, l'Inde, le Pakistan et le Sri Lanka ayant ratifié jusqu'à ce jour la déclaration de création. La mise en ?uvre nécessitera la construction de nouveaux entrep?ts dans les pays membres, l'achat de céréales alimentaires supplémentaires aux niveau local et international ainsi que le développement d'un réseau administratif et de distribution.
UNE R?SERVE ALIMENTAIRE MONDIALE G?R?E PAR LES NATIONS UNIES
?tant donné les réserves de sécurité alimentaire limitées de l'ANASE et de l'ASACR pour l'Asie de l'Est, nous recommandons la création d'une réserve alimentaire mondiale. Contrairement aux trois programmes de réserve existants qui sont axés sur l'utilisation des réserves exclusivement dans les situations d'urgence et pour l'aide humanitaire mais qui n'ont pas inclus la stabilisation des prix comme un des objectifs majeurs, la proposition d'une réserve alimentaire mondiale comprendrait un double objectif : stabiliser les prix des denrées alimentaires, en particulier du riz, sur le marché mondial en utilisant le stock pour maintenir une fourchette de prix (limite supérieure et inférieure) et fournir une aide immédiate aux pays faisant face à une catastrophe. Lorsque les prix baissent, le bas de la fourchette serait une sécurité pour les agriculteurs des pays exportateurs. Inversement, le haut de la fourchette protègerait les consommateurs des pays à déficit vivrier ou des pays importateurs contre les effets négatifs de la hausse des prix sur le marché mondial.
Le Programme alimentaire mondial (PAM), de par son expérience en matière de gestion de stocks alimentaires, est l'organisme qui semble le mieux habilité à gérer le projet d'une réserve alimentaire mondiale. De plus, il a participé activement aux initiatives de soutien à la sécurité alimentaire pour les pays les moins avancés, qui comptent une grande proportion des populations vulnérables et pauvres. Le stock initial serait constitué de riz, puis d'autres céréales, comme le blé et le ma?s. Pour appuyer le pam dans sa gestion du programme, nous proposons la création d'un service mondial de renseignements dont le r?le principal serait de fournir des conseils pour aider le PAM à avoir accès aux stocks d'urgence au moment voulu ainsi que de créer et de mettre en place un système de fourchette de prix dynamique14.
La réserve alimentaire mondiale comprendrait trois caractéristiques importantes différentes des trois réserves de riz existantes. Premièrement, les stocks physiques seraient détenus, contr?lés et gérés par le PAM, contrairement aux programmes de réserves de riz existants dont les stocks réservés sont détenus et contr?lés par les pays membres et débloqués en cas de catastrophes et dans les situations d'urgence. Deuxièmement, l'accès des pays à la réserve alimentaire mondiale serait régi par des règles et des réglementations transparentes et non discriminatoires mises en place par le pam. Les problèmes liés aux négociations bilatérales dans le cadre des programmes existants, qui désavantagent les pays importateurs, seraient donc évités. Troisièmement, la réserve alimentaire mondiale serait chargée de localiser les stocks soit dans les pays vulnérables aux catastrophes soit dans les pays voisins. Dans les programmes de réserves de riz existants, les pays à déficit vivrier n'ont pas accès à des stocks supplémentaires pouvant être immédiatement disponibles en cas d'urgence puisque les pays participants ont conservé les stocks prévus dans leur pays respectif.
La réserve alimentaire mondiale serait établie par le biais de contributions volontaires, comme des espèces, des stocks de riz ou des services d'hébergement. Les dépenses encourues par le pays auquel serait confié l'entreposage, le maintien, le réapprovisionnement et la gestion des stocks seraient considérées comme une contribution au programme. Dans le cadre de ce nouveau programme, le PAM pourra également acheter, vendre, emprunter et accepter les dép?ts de stocks de riz.
Augmenter la productivité de riz : La réserve alimentaire mondiale proposée doit être durable. Pour ce faire, il faudra réduire les écarts entre l'offre et la demande dans les pays en déficit vivrier en augmentant la productivité alimentaire. ?tant donné qu'il est difficile d'étendre les terres destinées à la culture du riz à cause de l'urbanisation rapide ou de la conversion des terres à d'autres cultures, il est peu probable que leur surface totale augmente. Le surcroít de production viendra donc principalement de l'augmentation des rendements. L'augmentation de la croissance par le biais de la productivité nécessite une solution à long terme, qui doit être mise en place afin d'éviter des famines de grande ampleur.
Selon l'Institut international de recherche sur le riz15, il existe un écart entre le rendement potentiel et le rendement réel du riz. Selon les diverses conditions des terres, la plupart des rizières présentent un potentiel inexploité de 1 à 2 tonnes par hectare. Il est possible de réduire cet écart en investissant dans la recherche et le développement pour mettre au point des variétés à haut rendement qui résistent aux organismes nuisibles, aux typhons ou à la sécheresse qui constituent un problème majeur en Afrique et dans certaines parties de l'Asie, comme en Australie.
Les insectes ravageurs, comme les fulgores et les maladies qu'ils transmettent, comme le virus tungro, ont été une menace importante pour les programmes d'intensification de la culture du riz mis en place dans les années 1970 et 1980. Aujourd'hui, ces insectes constituent de nouveau une menace réelle pour les cultures de riz, due principalement à la perte de résistance des cultures et à l'utilisation excessive d'insecticides à large spectre d'action et à effet résiduel long, qui perturbent les mécanismes de défense naturelle contre les insectes ravageurs. Depuis 2005, une invasion de fulgores a détruit plusieurs millions d'hectares en Chine, en Indonésie, au Japon, en République de Corée et au Vietnam, en particulier pendant la saison des récoltes, et le problème des insectes ravageurs est intensifié par le changement climatique. Au Vietnam, une invasion de fulgores et le virus qu'ils transmettent ont contraint le gouvernement à restreindre les exportations de riz. Il est donc indispensable d'investir des fonds dans le développement de nouvelles variétés de riz à haut rendement.
Formation de jeunes scientifiques : Cette situation appelle à un renforcement de l'éducation et de la formation des jeunes scientifiques et chercheurs issus des pays producteurs de riz. Il faut former de nouveaux chercheurs avant que la génération actuelle prenne sa retraite. Les gouvernements des pays producteurs de riz doivent trouver les moyens d'attirer les jeunes pour qu'ils poursuivent une carrière dans ce domaine. Ceci est crucial étant donné la migration croissante des plus jeunes générations vers les zones urbaines et la diminution des emplois liés à l'agriculture au profit des emplois non agricoles dans de nombreux pays en développement en Asie. Investissements dans l'irrigation : Les investissements dans les systèmes d'irrigation, qui ont culminé pendant la Révolution verte dans les années 1970 et 1980, ont considérablement diminué dans plusieurs pays producteurs de riz au cours des années successives. Insuffisamment soutenue par les fonds publics, l'infrastructure d'irrigation existante s'est détériorée. Il est donc important d'augmenter les investissements dans les systèmes d'irrigation pour améliorer l'efficacité et la fiabilité de l'approvisionnement en eau nécessaire pour la productivité des cultures et minimiser les pertes de récoltes.
Selon la Banque asiatique de développement, les investissements devraient davantage se concentrer sur la réhabilitation et la remise en état des systèmes d'irrigation existants plut?t que sur la construction de nouveaux systèmes à grande échelle. En plus du développement des systèmes d'irrigation, des investissements supplémentaires devraient être consacrés au contr?le des inondations et aux systèmes de drainage afin de conserver les sols et l'eau. Il est tout aussi important d'améliorer l'état des routes et des ponts, ainsi que l'accès au marché afin de stimuler et soutenir la productivité du riz et faciliter le transport des matières premières et des produits. De même, il faut financer le soutien aux agriculteurs pour qu'ils approfondissent leurs connaissances et améliorent leurs techniques dans des domaines comme la préparation des terres, la gestion de l'eau et des nutriments et la lutte contre les ravageurs et les maladies. La mise en place de techniques efficaces et performantes qui augmentent la productivité ne sera réalisable que si elles sont accompagnées de pratiques de gestion adaptées à la culture. ? cet égard, la formation des parties prenantes et les services de vulgarisation comme les démonstrations sur le terrain seront utiles.
Amélioration de la gestion des récoltes : La remise en état des installations et l'amélioration de la manutention et du traitement des graines après récolte permettraient d'augmenter la production en réduisant les pertes, de produire des cultures de meilleure qualité et de générer des emplois. Pendant les activités après récolte, la majorité des agriculteurs asiatiques subissent de lourdes pertes de riz à la fois en termes de qualité et de quantité du fait de l'inefficacité des vieilles technologies de séchage et d'entreposage utilisées. Selon le Bureau of Postharvest Research and Extension in the Philippines16, les pertes de riz après récolte atteignent jusqu'à 33 % de la production totale. En général, 21 % du riz sont perdus pendant le séchage, 30 % pendant l'usinage, 18 % pendant l'entreposage et 15 % pendant le battage17. La réduction de ces pertes permettrait de mieux pourvoir aux besoins de la population croissante. D'où l'urgence d'apporter un soutien budgétaire à la fourniture, à la réparation et à l'entretien des installations de séchage, d'entreposage et de battage afin d'assurer la sécurité alimentaire. Parallèlement, il faut offrir aux agriculteurs et aux commer?ants une formation solide et continue sur les pratiques et les technologies de manutention après les récoltes.
De fait, les agriculteurs continuent d'utiliser des variétés de riz traditionnelles à faible rendement alors qu'il existe de nouvelles variétés qui pourraient accroítre leur production. Le problème vient de l'insuffisance des services de vulgarisation dans les pays les moins avancés, principalement à cause du manque de ressources. Il faut donc créer un fonds pour aider ces pays à introduire et à adopter des variétés à haut rendement.
Renforcement du système d'information sur la commercialisation : La mise en ?uvre efficace de la réserve alimentaire mondiale nécessite la mise en place d'un système d'information sur la commercialisation. Bien que les technologies de l'information aient été introduites et adoptées dans de nombreux pays, un grand nombre d'agriculteurs des pays en développement déplorent le manque d'accès à une information fiable et rapide concernant les marchés. Les informations qui intéressent les agriculteurs et autres parties prenantes dans leur production et les décisions concernant la commercialisation comprennent la situation de la production et de la demande intérieures, les stocks actuels, le commerce extérieur ainsi que les prix du riz et des autres céréales alimentaires mondiales.
Une partie des activités du projet de réserve alimentaire mondiale comprendra l'estimation régulière de l'offre et de la demande de riz et des autres céréales alimentaires afin d'évaluer le volume des stocks à constituer dans les pays désignés ainsi que leur allocation aux pays moins avancés, frappés par la pauvreté et dépendants des importations. Il faut aider les organismes des pays en développement concernés à mettre en place une base de données efficace et à appliquer les méthodes appropriées pour évaluer la situation de l'offre et de la demande actuelle et future du riz et des autres céréales alimentaires. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture pourrait fournir l'équipe d'experts ainsi que l'équipement et les composants logiciels pour mettre à jour le système d'information sur la commercialisation. Les pays participants pourraient fournir des informations pertinentes et ponctuelles au service mondial de renseignements, lequel aiderait le Programme alimentaire mondial à évaluer les besoins alimentaires d'urgence dans les pays déficitaires dans la production de riz et les volumes excédentaires dans les pays ayant enregistré un surplus de riz.
Notes 1 FAO, 2008. Perspectives de récolte et situation alimentaire. Rome; FAO, 2008. Perspectives de l'alimentation : analyse des marchés mondiaux. Rome, juin.
2 BAD, 2008. La hausse des prix des denrées alimentaires : répondre à la crise. Philippines.
3 Vail, M., 2008. Grain Prices Soar Globally Leading to Food Riots.
4 USDA , 2007. Review of World Rice Markets, Département de líagriculture des ?tats-Unis FAS-FG-11-07/ novembre.
5 Brahmbhatt, M. and L. Christiaensen, 2008. Rising Food Prices in East Asia: Challenges and Policy Options. Banque mondiale.
6 Mitchell, D., 2008. A Note on Rising Food Prices. Banque mondiale, ronéotypé.
7 Robinson, E., 2008. Global Rice Ending Stocks Continue to Fall. Farm Press.
8 Workman, D., 2008. Top Rice Producing Countries. 12 avril; Workman. D., 2008. Leading Rice Export Countries. 16 avril.
9 Da?o, E., 2006. ASEAN's Emergency Rice Reserve Schemes: Current Developments and Prospects for Engagement. Women in Action, n° 3.
10 Da?o, E. and E. Peria. Undated. Emergency or Expediency? A Study of Emergency Rice Reserve Schemes in Asia. Une publication commune de l'AFA et d'AsiaDHRA.
11 The Hindu, 2008. For a Food Secure Asia. 7 ao?t.
12 SAAR C, 2008. The SAARC Food Bank. Ao?t.
13 Daily Star, 2008. SAARC Food Bank in the Offing. 31 mai.
14 Von Braun, J. and M. Torero, 2008. Physical and Virtual Food Reserves to Protect the Poor and Prevent Market Failure. International Forestry Resources and Institutions (IFRI ) Policy Brief n°. 004.
15 IRRI, 2008. The Rice Crisis: What Needs to be Done? International Rice Research Institute, Los Ba?os, Laguna, Philippines.
16 BPRE, 22 janvier 2005. ()
17 Technical Education and Skills Development Authority (TESDA), janvier 2005. Labor Market/Intelligence Report ()
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