Le commerce illégal des espèces sauvages et du bois a augmenté rapidement partout dans le monde. Il concernce aujourd’hui un vaste éventail de flore et de faune sauvages, y compris les animaux terrestres et aquatiques, les foréts ainsi que d’autres plantes et leurs produits.
Ce commerce, qui représente jusqu’á 213 millions de dollars par an, permet de financer des groupes criminels, des milices et des groupes terroristes, mena?ant la sécurité et le développement durable de nombreuses nations.
La criminalité environnementale et, en particulier, le commerce illégal des espèces sauvages ont des répercussions sur l’environnement, la société, l’économie et la sécurité, portant atteinte aux ressources des communautés locales et entra?nant le pillage du capital naturel.
Au-delà des conséquences immédiates sur l’environnment, le commerce illégal des ressources naturelles prive les pays en développement de milliards de dollars en pertes de revenus pour remplir les poches de criminels. Les importantes sommes d’argent qui affluent chez des milices et des groupes terroristes constituent une menace au développement durable, aux moyens de subsistence, à la bonne gouvernance et à l’état de droit.
Le commerce illégal des espèces sauvages est reconnu comme le quatrième plus grand commerce illégal après les drogues illicites, la traite des êtres humains et le commerce des armes. On estime que 48 à 153 milliards de dollars de ressources sont perdus chaque année en raison du commerce illégal des espèces sauvages, soit presque l’équivalent de l’aide publique au développement (APD) qui représente 153 milliards de dollars par an.
L’exploitation forestière illégale représente à elle seule entre 30 et 100 milliards de dollars en pertes de ressources annuelles, soit entre 10 et 30 % de la valeur totale du commerce du bois dans le monde.
Une évaluation d’intervention rapide, lancée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) pendant la première Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (ANUE) en juin 2014, révèle que si la prise de conscience s>amplifie, les réponses à ce jour en terms d>impact sont loin d>être proportionnées à l’échelle et à la croissance de la menace pour la vie sauvage et l’environnement. Compte tenu de la gravité du problème pour les économies nationales, il est impératif de renforcer les interventions et les mesures politiques.
Le rapport intitulé La crise du crime environmental indique que le commerce illégal du charbon de bois rapporte à un groupe terroriste actif en Afrique de l’Est entre 38 et 56 millions de dollars par an. Les milices et les groupes terroristes actifs à l’intérieur et autour des pays africains en conflit peuvent gagner entre 111 et 289 millions de dollars par an de leur implication dans la taxation et le contr?le du commerce de charbon de bois illicite ou non réglementé.
Le revenu annuel de l’ivoire pour d’autres groupes dans la région de l’Afrique centrale est probablement de l’ordre de 4 à 12,2 millions de dollars, ce qui entra?ne une réduction importante de la population d’éléphants sur le continent.
Selon les estimations combinées de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), du PNUE et de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL), la valeur monétaire de la criminalité environnementale, notamment l’exploitation forestière illégale, le braconnage et le trafic d’animaux très divers, la pêche illégale, l’exploitation minière illégale et le déversement de déchets toxiques, se situe entre 70 et 213 milliards de dollars par an.
Si le rapport indique une prise de conscience croissante de la menace et de la riposte pour y faire face, il demande également une action concertée plus efficace et formule des recommandations pour renforcer la lutte contre les réseaux criminels organisés qui tirent profit de ce commerce.
En s’appuyant sur les initiatives mises en place en 2013 – comme la Conférence des Parties à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) qui s’est tenue à Bangkok en mars, le Sommet sur l’éléphant d’Afrique au Botswana et le Sommet pour la paix et la sécurité en Afrique organisé par le Gouvernement fran?ais en décembre, les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies 21/34 et 21/36 et la destruction de nombreux stocks d’ivoire dans le monde – 2014 doit être l’année des actions concrètes et décisives.
En Afrique, un éléphant est abattu toutes les 20 minutes. Les éléphants victimes du braconnage représentent un nombre plus important que les éléphants morts de causes naturelles, leur taux de mortalité atteignant 90 % en Afrique centrale.
Le braconnage du rhinocéros a augmenté de 7 000 % entre?2007 et 2013 en Afrique du Sud, région qui abrite 80 % des rhinocéros d’Afrique, plus de 1 000 ayant été abattus en 2013 seulement. Avec une valeur commerciale de 65 000 dollars le kilo, les prix de la corne de rhinocéros sont plus élevés que ceux de l’or. En Afrique du Sud et en Afrique centrale, en Asie et ailleurs, le commerce illégal d’oiseaux, de poissons, de mammifères, de reptiles et de plantes a augmenté pour satisfaire la demande des marchés nationaux et internationaux et fait beaucoup de dég?ts sur la diversité, causant la perte du capital naturel et procurant des gains financiers aux réseaux criminels organisés. Les menaces et les défis posés par la participation croissante de groupes criminels organisés au commerce illégal des espèces sauvages et les implications négatives pour la gouvernance, l’état de droit et la sécurité inquiètent la communauté internationale.
Malgré les interventions de plus en plus nombreuses, le rythme, le niveau de sophistication et le caractère mondialisé du commerce illégal des espèces sauvages mettent à dure épreuve la capacité de nombreux pays et organisations individuelles. Au niveau international, une action globale et coordonnée à l’échelle des Nations Unies visant à soutenir les approches globales qui permettent de lutter efficacement contre ce fléau est un élément essentiel de la stratégie mondiale.
Jalon important et indication significative de l’engagement visant à maintenir l’élan international pour lutter contre la criminalité environnementale, l’ANUE a adopté la première résolution de l’ONU sur le commerce illégal des espèces sauvages. Les ?tats Membres ont reconnu avec une vive inquiétude l’ampleur de ce commerce et de ses produits, notamment le bois, ainsi que ses répercussions sur l’environnement, la société, l’économie et la sécurité et ont adopté une résolution pour mettre en ?uvre les engagements existants, favoriser les synergies, la coopération et la coordination. Elle appelle l’Assemblée générale des Nations Unies à examiner la question lors de sa 69e session et de fournir un mandat ferme pour définir les travaux futurs du PNUE dans ce domaine.
La conservation des espèces sauvages, leur utilisation durable et les ressources en bois sont au centre du programme de travail actuel et futur du PNUE. Sa collaboration pour le renforcement de la lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages couvre un portefeuille de projets divers, s’appuyant sur les interventions et les initiatives existantes et en cours allant de la prise de conscience du public et la réduction de la demande au renforcement des capacités et au soutien de la mise en ?uvre de la CITES.
Toutefois, afin de lutter efficacement contre la criminalité environnementale, en particulier le commerce illégal des espèces sauvages, il faut accélérer la mise en ?uvre des mesures dans le monde en tenant compte des dynamiques socio-économique, juridique et du marché dans les ?tats de l’aire de répartition, de transit et de consommation.
Ces mesures pourront comprendre le renforcement de l’application de la loi, le renforcement des capacités humaines et financières appropriées, la sensibilisation du public et la lutte contre la corruption, le soutien à la législation nationale et la nécessité impérieuse de réduire la demande en produits dérivés des espèces sauvages qui proviennent d’une source illégale ou qui sont exploitées de manière non durable.
En plus des mesures à court terme, il convient d’examiner la gestion des ressources naturelles et le développement économique durable à long terme en fonction des priorités et des choix nationaux. La mise en ?uvre des stratégies et des cibles sur la biodiversité convenues aux niveaux national et international ainsi que des autres engagements existants dans ce domaine doit être au centre de cette action.??
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