La criminalité liée aux espèces sauvages est un problème international croissant qui transcende les frontières physiques, politiques et idéologiques. L’exploitation illégale de la flore et de la faune peut avoir des conséquences néfastes sur l’économie et la sécurité d’un pays. Un nombre important d’activités criminelles est mené par des réseaux criminels organisés attirés par les faibles risques et les bénéfices importants associés à ce type d’activités. Les itinéraires empruntés pour le trafic transnational et transcontinental d’espèces sauvages sont souvent identiques à ceux utilisés pour le trafic d’armes, de stupéfiants et d’êtres humains.
Il est nécessaire de mettre en place une stratégie coordonnée, transnationale, pluri-institutionnelle pour répondre efficacement aux défis croissants posés par ce type de criminalité. Parce qu’elle est l’organisation internationale de police la plus importante au monde, INTERPOL est idéalement placée pour mener ce combat mondial. ? cette fin, INTERPOL, par le biais de sa Sous-direction de la sécurité environnementale, est la composante ? maintien de l’ordre ? du Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC).
Avec son réseau de 190 pays membres, elle réunit des experts mondiaux chargés de diverses questions liées à la criminalité transnationale. Les connaissances de ce réseau international d’experts aident le Consortium à prévenir et à combattre la criminalité liée aux espèces sauvages.
Outre son système de communication policière internationale, appelé I/24/7, qui relie la police des 190 pays membres et lui permet d’accéder aux bases de données criminelles de l’Organisation, ses outils et ses services peuvent aussi être utilisés pour les besoins spécifiques à cette lutte.
Son système de notices offre une série d’alertes dotées d’un code couleur qui sont distribuées aux services chargés de l’application de la loi afin de partager différents types d’informations liées à ces activités criminelles. Les notices les plus souvent utilisées dans ce domaine sont les notices rouges (alertes relatives à des personnes recherchées) et les notices mauves (informations sur le modus operandi). La notice mauve, publiée à la demande de la Norvège en 2013 pour criminalité environnementale, a été la première notice destinée à attirer l’attention des polices sur un navire soup?onné de se livrer à des activités de pêche illégale. Par ailleurs, une notice rouge a été publiée à la demande du Népal à l’encontre d’un ressortissant recherché pour s’être livré au braconnage de rhinocéros et au commerce international de cornes de rhinocéros.
La Sous-Direction de la sécurité internationale d’INTERPOL a également créé un système d’alertes que les pays membres peuvent utiliser pour partager des informations ciblées liées spécifiquement à la criminalité environnementale.
Lorsqu’un pays est confronté à une situation de crise ou nécessite un soutien pour une enquête, INTERPOL peut envoyer une équipe d’experts pour offrir une assistance sur le terrain. Ces équipes ont été déployées dans des cas d’atteintes à l’environnement, comme l’?quipe de soutien aux enquêtes envoyée au Sri Lanka en 2013 pour prélever des échantillons d’ADN sur plus de 350 défenses d’éléphant confisquées par les autorités locales afin de déterminer leur origine et identifier éventuellement les réseaux criminels impliqués dans le braconnage d’éléphants.
Sous les auspices du Consortium, la Commission européenne a versé près de 2 millions d ’euros à INTERPOL pendant une période de trois ans pour soutenir le projet de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, une initiative globale destinée à appuyer les efforts des organisations partenaires de l’ICCWC afin d’assurer le renforcement des capacités à long terme, d’améliorer les informations internationales et les échanges de renseignements et de coordonner les efforts de la police dans tous les domaines liés à la criminalité environnementale.
INTERPOL a lancé des initiatives ciblées pour combattre les différentes formes de criminalité liées aux espèces sauvages : le Projet Wisdom visant à lutter contre le braconnage des éléphants et des rhinocéros et le commerce illicite de corne et d’ivoire; le Projet Predator, visant à protéger les derniers tigres sauvages dans le monde; et le Projet Leaf, un consortium travaillant en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement, qui est chargé d’examiner la criminalité liée à l’exploitation forestière illégale.
Le principal objectif du Projet Wisdom vise à faire progresser la gouvernance efficace et l’état de droit et à renforcer les capacités de la justice pénale pour lutter contre le massacre des éléphants et des rhinocéros pour l’ivoire et les cornes. Il s’agit d’encourager l’échange de renseignements, de coordonner et de soutenir les opérations transnationales, d’appuyer les enquêtes transfrontalières, d’organiser des séances de formation et de dresser un tableau complet de l’activité criminelle qui empêche la protection de ces animaux. Les éléphants sont en danger en raison de la demande en ivoire dans le monde. En?1989, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) a interdit le commerce international illégal d’ivoire. Pourtant, le braconnage continue et atteint des niveaux record.
Le Projet Predator soutient les 13 pays asiatiques dans leur action visant à protéger le tigre, ce grand félin qui est menacé d’extinction. La plus grande menace provient des criminels qui tuent ou braconnent illégalement les tigres pour leur peau qui est vendue au prix d’or sur le marché noir et pour les parties de leur corps utilisées dans la médicine traditionnelle. Ce projet soutient et renforce la gouvernance et les capacités de l’état de droit pour la préservation des tigres et autres grands félins asiatiques et dressera un tableau complet de l’activité criminelle qui sape les efforts actuels.
La protection de la flore est tout aussi importante que celle de la faune. ? cette fin, le Projet Leaf (assistance pour l’application de la loi en faveur des forêts) offre une réponse internationale coordonnée pour lutter contre les groupes criminels organisés impliqués dans le commerce illégal du bois et la criminalité forestière. Outre les dég?ts causés par l’exploitation forestière illégale sur l’environnement, le commerce du bois récolté de manière illégale est très lucratif et rapporte au moins 30 milliards de dollars par an.
L’application et le respect effectifs de la loi dans tous ces domaines requièrent la coopération internationale et internationale entre les divers organismes chargés de l’application de la loi, y compris la police, les autorités responsables des forêts et de la faune sauvage et les autorités douanières. INTERPOL leur fournit l’accès à ses services en développant leurs liens avec les Bureaux nationaux centraux dans chaque pays.
En outre, le Comité pour le respect et l’application du droit à l’environnement d’INTERPOL et, en particulier, le Groupe de travail sur la criminalité liée aux espèces sauvages, rassemble les dirigeants et les décideurs de tous les pays membres qui sont chargés de donner des conseils et des orientations stratégiques et de mobiliser le soutien mondial à la préservation de la faune sauvage.
La sensibilisation du public, ainsi que celle des hommes d’affaires et des législateurs, aux dangers de la criminalité environnementale et ses liens à d’autres activités criminelles graves est un objectif de la campagne d’INTERPOL baptisée ? Turn back crime ? (Faire reculer la criminalité). Cette campagne souligne les dangers du crime organisé et des autres formes de criminalité ainsi que les conséquences sur la vie quotidienne et aide le public à mieux comprendre ces questions et à faire des choix éclairés.
Si la prévention des actes criminels qui portent atteinte à nos ressources naturelles est essentielle à la protection de ces espèces, la riposte l’est aussi pour appréhender les malfaiteurs et s’assurer qu’ils sont traduits en justice. INTERPOL coordonne et appuie donc des opérations régionales et mondiales destinées à démanteler les réseaux criminels impliqués dans la criminalité environnementale, apportant un appui aux pays membres pendant la phase de planification et la phase opérationnelle.
Ciblant le trafic d’ivoire en Afrique de l’Ouest et en Afrique? centrale,? l’opération Wendi, menée en 2013, a conduit à la saisie de près de 4 000 objets en ivoire et de 50 défenses d’éléphant, de 148 parties d’animaux et produits dérivés ainsi que de 88 armes à feu. Lors de la première opération internationale d’INTERPOL concernant l’exploitation forestière illégale de grande ampleur, l’Opération Lead a conduit à 194 arrestations ainsi qu’à la saisie de bois d’une valeur de 8 millions de dollars et de 150 véhicules en Amérique latine. En 2012, l’Opération Cage a conduit à la saisie de plus de 8 700 oiseaux et autres animaux, notamment des reptiles, des mammifères et des insectes, et à l’arrestation de près de 4 000 personnes dans 32 pays.
Pour renforcer les capacités des organismes chargés de l’application? de la loi et des organisations de protection de l’environnement dans les pays membres, INTERPOL a élaboré des programmes de formation en ligne et coordonne des cours de formation face à face sur des questions comme le trafic des espèces sauvages, la criminalité forestière et le recours au renseignement dans les enquêtes environnementales.
Pour appuyer les services de détection et de répression à l’échelle internationale, INTERPOL a aussi publié des manuels sur les meilleures pratiques ainsi que des guides sur l’application de la loi fondée sur le renseignement, sur des enquêtes portant sur les scènes du crime liées à la faune sauvage, sur les méthodes de dissimulation utilisées par les braconniers et sur la conduite d’opérations contre le braconnage.
En tant qu’organisation internationale de police la plus importante au monde, INTERPOL a pour objectif principal de rendre le monde plus s?r pour tous. Les projets cités ci-dessus illustrent, parmi d’autres, comment les partenariats internationaux efficaces créés entre INTERPOL, d’autres organisations internationales et ses pays membres, peuvent améliorer la sécurité environnementale. INTERPOL continuera à tirer parti de ces partenariats et à les renforcer.? ??
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