17 octobre 2011

Au début de 2011, il y avait 5,4 milliards d'abonnés au telephone mobile dans le monde, ce qui signifie que nous avons effectivement attaint l'objectif de metre à la portée de tous les peoples du monde les avantages des technologies de l'information et de la communication (TIC)). Le moment est donc venu de faire le point, quatre avant l'échéance de 2015 fixée pour la realisation des objectifs établis par le Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) et celle des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Il est clair que d'importants progrès ont été accomplish au cours des dernières années, mais il reste encore beaucoup à faire. Par exemple, plus des deux tiers des personnes dans le monde n'ont toujours pas accès à large bande dans chaque secteur - la santé, l'éducation, la réduction de la pauvreté ou l'efficacité énergétique. Pour accélérer les progrès et atteindre les objectifs du SMSI et les OMD, il faut agir maintenant et promouvoir l'accès à large bande dans tous le pays.

SMSI: UN Sommet en Deux Phases

Le SMSI a été constitué de deux conferences parrainées, par l'ONU qui ont examine les questions ayant trait à l'information et à la communication et, dans les termes les plus larges possibles, à la sociéte de l'information. Il s'est déroulé en deux phases, l'une à Genève en 2003 et l'autre à Tunis en 2005 avec, comme objectif principal, la reduction de la fracture numérique entre les pays en development et les pays développés en élargissant l'accès aux TIC. Le Sommet a suscité le débat le plus vaste, le plus approfondi et le plus inclusive que l'on ait tenu sur l'avenir de la sociéte de l'information et, pour la première fois, les gouvernements, le secteur privé, les organisations intergouvernementales et la société civile ont travaillé de concert pour le bien commun.

L'Union internationale des telecommunications (UIT) et d'autres organisations de l'ONU ont sollicité la contribution de nombreuses parties prenantes afin d'assurer le caractère inclusive du processus du SMSI tout en soulignant la valeur stratégique d'une démarche multipartite. D'autres defies se sont poses comme la nécessité de comprendre le potential des TIC en tant qu'élément clé pour le développement socio-économique, la nécessité d'assurer que des mécanismes de coordination efficaces sont établis aux niveaux regional et international, ce qui assurerait également un équilibre entre les approches decendante et ascendante; et la nécessité de promouvoir un engagement global envers le development de la société de l'information.

R?SULTATS DU SOMMET

Le Sommet a réussi à s'entendre sur une définition de la société de l'information, les lignes d'action (couvrant des domaines comme le renforcement des capacités, la diversité culturelle ainsi que l'établissement de la confiance et de la sécurité dans l'utilisation des TIC) devant être examinées par chaque gouvernement. Durant le Sommet, les gouvernements du monde entier se sont fermement engagés à mettre en oeuvre les objectifs du SMSI et à les atteindre d'ici à 2015. Un cadre international a été établi pour coordonner les efforts vers le développement d'une société de l'information pour tous, avec des mécanismes de coordination et de mise en oeuvre convenus aux niveaux régional et international.

Lors de la deuxième phase à Tunis, il y avait déjà un consensus mondial important sur les principes régissant les délibérations sur les politiques en cours et, lors de la cl?ture de ce Sommet en novembre 2005, un accord a été obtenu concernant la gouvernance de l'Internet qui reconnaissait la nécessité d'améliorer la coopération mondiale. On a également souligné l'importance de renforcer la coopération afin d'élaborer des principes applicables à l'échelle mondiale pour la gestion des ressources fondamentales de l'Internet.

Le processus du SMSI se poursuit aujourd'hui avec le mandat de l'UIT de connecter le monde, travaillant au nom de toutes les parties prenantes pour exploiter le pouvoir des partenariats public et privé et offrir à tous les peuples du monde les avantages sociaux et économiques des TIC.

MESURER LES PROGR?S

Une partie importante du processus du SMSI consiste à mesurer les progrès en matière de développement des TIC et, l'an dernier, avec le Forum du SMSI en 2010 et la Conférence mondiale de développement des télécommunications de l'UIT, l'UIT a publié une édition complète du rapport sur le développement des télécommunications/TIC dans le monde consacré explicitement au suivi des progrès réalisés dans la mis en oeuvre des cibles du SMSI1. Le Rapport a examiné les dix cibles, proposé des indicateurs concrets de suivi de ces cibles et fait des recommandations sur les politiques et les mesures pour les atteindre - avec des cibles spécifiques comme connecter les villages, les établissements scolaires, les centres de santé, adapter les programmes scolaires, assurer l'accès aux services de radiodiffusion, encourager l'élaboration des contenus et faire en sorte que plus de la moitié des habitants de la planète aient à leur portée un accès aux TIC. Le rapport fait état d'un effort commun parmi plusieurs organisations internationales, coordonné par l'UIT, et comprend des contributions de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies ainsi que des représentants de la société civile.

L'UIT recueille et analyse également les données sur les prix des TIC et l'accessibilité à celles-ci et publie un rapport intitulé Mesurer la société de l'information2 qui présente l'Indice de développement des TIC et du Panier des prix TIC, d'importants outils servant à mesurer les progrès dans le développement des TIC. Il est particulièrement encourageant de noter que, selon les nouveaux chiffres publiés par l'UIT en mai dernier, les utilisateurs et les entreprises paient en moyenne 18 % de moins pour les services de base qu'il y a deux ans et plus de 50 % de moins pour les connexions Internet à haut débit. La nouvelle édition du rapport sera publiée en septembre 2011 et promet d'être très intéressante.

L'UIT note également avec satisfaction que la majorité des économies mondiales, au moins 161, soit 84 %, a atteint la cible du SMSI de mettre en place en 2010 une stratégie nationale en matière de TIC. Il s'agit maintenant d'améliorer les cyberstratégies nationales - telles que leur orientation stratégique et leur intégration dans les plans de développement nationaux et les stratégies de réduction de la pauvreté - et de souligner la nécessité de cyberstratégies sectorielles plus approfondies qui tirent pleinement parti du potentiel que présentent les TIC pour assurer un développement social et économique durable.

SMSI + 10 ET LA COMMISSION DU HAUT D?BIT AU SERVICE DU D?VELOPPEMENT NUM?RIQUE

En 2015, dix ans après la phase du Sommet à Tunis, aura lieu un examen général du processus du SMSI. Ce sera l'occasion de faire le bilan de ce qui a été accompli et de cerner les nouvelles tendances et les nouveaux paradigmes qui permettront d'assurer une transition efficace entre la société de l'information et la société du savoir.

Dans la période précédant 2015, l'UIT continue son important travail de partage des meilleures pratiques via le processus d'évaluation du SMSI qui permet aux pays de bénéficier des expériences réussies d'autres pays, d'évoluer continuellement et d'améliorer les stratégies en matière de développement des TIC.

L'UIT a également été l'une des premières à reconnaítre l'importance de la large bande comme élément clé dans la réalisation des OMD et les cibles du SMSI. Avec l'UNESCO, elle a été déterminante pour le lancement de la Commission du haut débit au service du développement numérique en 2010 avec l'objectif de démontrer qu'au XXIe siècle, les réseaux du haut débit sont une infrastructure de base d'une société moderne, comme les routes, l'électricité et l'eau; qu'ils sont des outils très puissants pour accélérer les progrès vers la réalisation des OMD; qu'ils sont financièrement très intéressants et présentent un retour sur investissement important tant pour les économies développées que pour celles en développement; qu'ils sont le fondement de tous les secteurs industriels et, de plus en plus, à la base des services publics et du progrès social; et qu'ils doivent être coordonnés à l'échelle nationale par les gouvernements en partenariat avec l'industrie afin de tirer pleinement parti des avantages qu'ils présentent.

La Commission du haut débit est coprésidée par le Président du Rwanda Paul Kagame et par Carlos Slim, Président honoraire à vie du Grupo Curso. Ses deux Viceprésidents sont le Secrétaire général de l'UIT Hamadoun Touré et la Directrice générale de l'UNESCO Irina Bokova. Cette Commission est composée de plus de cinquante acteurs importants issus de gouvernements, des secteurs de l'industrie et de l'éducation et des organisations internationales.

La Commission a présenté son premier rapport au Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en septembre 2010, avant le Sommet sur les OMD de New York. Ce premier rapport a formulé des recommandations - comme améliorer l'accès des femmes et des filles aux services large bande et utiliser des modèles transparents, équitables, compétitifs et technologiquement neutres pour servir de projet mondial pour le développement rapide du large bande. Il est heureux de noter que le message continue de se transmettre rapidement dans le monde.

Beaucoup plus détaillé, le deuxième rapport de la Commission du haut débit, intitulé Bande large : Plateforme pour le progrès, a été lancé lors de la réunion de la Commission qui s'est tenue à Paris en juin 2001. Il analyse les défis et les opportunités dans le déploiement du large bande, tenant compte des besoins locaux, des contraintes financières et des obstacles techniques et présente des propositions pratiques pour le déploiement des réseaux à haut débit à des prix abordables dans tous les pays et à toutes les étapes du développement.

Les groupes de travail de la Commission du haut débit examinent chaque domaine comme l'éducation, la santé, les partenariats public et privé et la jeunesse. La Commission a l'intention de poursuivre ses activités jusqu'à la date limite de réalisation des OMD en 2015.

LE POTENTIEL DES TIC DU SERVICE DU D?VELOPPEMENT

Dans un monde qui évolue de la société de l'information à la société du savoir, il n'est pas facile de séparer la connectivité du contenu - il est donc nécessaire de développer des d'approches innovantes dans l'utilisation des TIC au service du développement, comme le montre la Commission du haut débit.

Il est intéressant de noter que la Quatrième Conférence sur les pays les moins avancés (PAM IV), qui a eu lieu à Istanbul en mai 2011, a reconnu que les réseaux des TIC sont une infrastructure vitale au même titre que les réseaux de distribution d'énergie, d'alimentation en eau et de transports. Cela dit, le potentiel offert par le TIC dans la promotion du développement doit être davantage mis en avant dans le système de l'ONU, et le processus de Rio + 20 sera l'occasion de le faire. Les TIC devraient être reconnues comme un catalyseur du développement pour les trois piliers de la viabilité - économique, sociale et environnementale. Cela peut se faire en sou-tenant l'idée d'un Plan Cadre des Nations Unies pour l'aide au développement axé sur les TIC au service du développement.

Au XXIe siècle, les TIC sont un outil important dans la réalisation des principes communs du système de l'ONU : la paix, les droits de l'homme, la sécurité et le développement. Une société mondiale de l'information est fondée sur les mêmes principes. De fait, les TIC sont le premier vrai test de l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui déclare que ? tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ?.
Notes

1 Le Rapport peut être téléchargé gratuitement à .

2 Le Rapport peut être téléchargé gratuitement à publications/idi/2010/index.html

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