1 ao?t 2009

? Les énergies renouvelables sont chères - elles sont bien au-delà de nos moyens ?. J'ai entendu cet argument maintes fois. Or, rien n'est plus faux. Les co?ts de l'énergie renouvelable ne sont pas plus élevés que ceux des énergies traditionnelles. Le public confond co?ts et prix. Il faut qu'il comprenne que les prix du marché des énergies traditionnelles ne reflètent pas la réalité.
CO?TS ET PRIXLe prix des énergies les plus couramment utilisées - l'électricité et l'essence - figure sur votre facture d'électricité mensuelle ou est affichée à la station-service. Ce prix est connu de tous et le consommateur paie individuellement. ? première vue, les énergies renouvelables semblent plus chères que les énergies traditionnelles. Mais cela change dès que l'on considère la chaíne complète énergie-production où les énergies renouvelables sont mieux placées que les énergies traditionnelles. En outre, les énergies renouvelables réduisent la pollution de l'air, de l'eau, des sols, de la flore et de la faune, économisent des ressources et utilisent moins de terres. Les installations d'énergies renouvelables peuvent être désassemblées et recyclées à leur fin de vie, alors que les sociétés doivent supporter les charges financières liées à l'utilisation des énergies traditionnelles comme l'énergie nucléaire et le charbon, aux dég?ts environnementaux résultant de l'exploitation de l'uranium et du charbon ainsi que du stockage des déchets radioactifs.

Les émissions de carbone produites par les combustibles fossiles et l'énergie nucléaire sont significativement plus importantes que celles issues de la plupart des énergies renouvelables. Ce n'est qu'avec la publication récente du Rapport Stern sur l'économie du changement climatique que les co?ts liés aux changements climatiques, dont 50 %sont causés par les émissions de carbone, ont été portés à l'attention d'un plus grand public. Et, comme l'indique le rapport, le recours aux énergies renouvelables entraíne une diminution des co?ts. Par exemple, les énergies éolienne et hydroélectrique ainsi que la biomasse émettent en moyenne 40 g de CO2 par kilowatt-heure (kWh), tandis qu'une usine nucléaire, selon l'origine de l'uranium, en émet de 31 à 130 g et une centrale fonctionnant au charbon en émet de 800 à 1 400 g.

Les co?ts additionnels induits pas les énergies traditionnelles, comme les co?ts environnementaux, climatiques et sanitaires, ne sont pas encore reflétés, par exemple, dans les factures d'électricité mensuelles. Le public en général en supporte pourtant une grande partie. Nous sommes donc mal partis si nous considérons seulement les prix et choisissons la forme d'énergie la moins chère sans prendre en compte les co?ts additionnels. Contrairement aux prix des énergies traditionnelles, les énergies renouvelables expriment la vérité écologique et réduisent les co?ts macroéconomiques de la production d'énergie.
UN IMMENSE ?CHEC DU MARCH?La distorsion des prix est même plus prononcée. Pendant de nombreuses décennies, les énergies renouvelables ont été désavantagées en raison de la faiblesse du soutien de la recherche et développement, du manque de subventions et de structures mondiales de la production d'énergie qui sont adaptées aux besoins des énergies traditionnelles. Comment peut-on comparer les prix des énergies traditionnelles et ceux des énergies renouvelables sans prendre en compte le soutien financier et politique que les énergies traditionnelles ont obtenu dans le passé et les avantages dont elles continuent de bénéficier ?

Par exemple, entre 1974 et 1992, les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont dépensé 168 milliards de dollars dans la recherche et le développement de l'énergie nucléaire et seulement 22 milliards de dollars dans la recherche et le développement des énergies renouvelables. Entre 1990 et 2004, les dépenses liées aux activités de recherche et de développement de ces technologies vertes dans l'Union européenne ont augmenté de 9 % à seulement 20 %. L'énergie nucléaire a bénéficié d'environ 1 000 milliards de dollars en subventions, sous forme de crédit préférentiel, de subventions à l'investissement, d'exonération fiscale pour les carburants et de décharge des obligations en matière de responsabilité. En revanche, pour les énergies renouvelables, les subventions ont atteint au mieux 40 milliards de dollars au cours des 30 dernières années.

Malgré le manque apparent de soutien public, les technologies des énergies renouvelables ont donné des résultats satisfaisants au cours des dernières années. Les économies d'échelle ainsi que les activités de recherche et de développement menées par les petites et moyennes entreprises ont entraíné une réduction considérable des co?ts des technologies. Depuis 1991, la réduction du montant total des co?ts s'élève à 68 % pour l'énergie solaire, à 60 % pour l'énergie éolienne et à 40 % pour l'énergie solaire thermique. Le secteur vise à obtenir une réduction supplémentaire de 40 % d'ici à 2020 - les prix d'aujourd'hui seront différents de ceux de demain !

En septembre 2009, des experts allemands ont annoncé que d'ici un an, le prix de l'électricité produite par les panneaux solaires sera identique à celui de l'électricité produite par les sources des énergies traditionnelles. Des avancées similaires ont été constatées en Espagne. Au cours des dernières années, à la bourse d'énergie espagnole, l'énergie éolienne a fait baisser le prix global de l'électricité les jours ventés et a été vendue à un prix inférieur à celui de l'électricité produite par la centrale alimentée au charbon la plus chère. Même chose en Allemagne. En 2006, si les énergies renouvelables ont co?té 3,3 milliards d'euros supplémentaires aux consommateurs, elles ont aussi généré des revenus de 5 milliards d'euros. D'autre part, ces énergies ont des retombées importantes : ce sont de véritables machines à créer des emplois. En Allemagne, le nombre de personnes travaillant dans le secteur des énergies renouvelables a quadruplé depuis 1998; aujourd'hui, ce secteur emploie 2,5 millions de personnes dans le monde.Toutefois, malgré les avancées technologiques remarquables en matière de panneaux solaires et de turbines éoliennes, ces énergies n'ont toujours pas la place qui leur revient en raison des infrastructures énergétiques mondiales qui sont mises en place pour satisfaire les besoins énergétiques en charbon, en gaz, en pétrole et en uranium et qui favorisent les énergies conventionnelles. Les pays et les institutions scientifiques ont reconnu le problème et ont progressivement orienté les activités de recherche et de développement vers une infrastructure de réseaux intelligents, intégrant les énergies renouvelables au réseau, les technologies de stockage pour assurer l'équilibre entre les différentes énergies renouvelables et les extensions du réseau pour relier au niveau local les énergies renouvelables au réseau principal. Il sera peut-être nécessaire de modifier les structures de réglementation du marché des énergies renouvelables pour répondre aux besoins de la production décentralisée et fluctuante de ces énergies et de mettre en place un nouveau régime réglementaire pour les technologies des énergies renouvelables. Les prix de ces énergies diminueront encore plus lorsque le système énergétique mondial prendra en compte leurs co?ts réduits.
LE MOMENT EST VENU DE REMETTRE LES CHOSES AU POINTUne démarche centrée seulement sur les prix du marché actuels ne reflète pas de manière adéquate les avantages offerts par les énergies renouvelables. Nous devons, en outre, remédier au déséquilibre existant. Pour y parvenir, je suggère une double démarche:

La publication d'analyses sur la viabilité : Nous devons sensibiliser davantage le public sur les co?ts additionnels des énergies traditionnelles. IRENA, l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, aura pour t?che de promouvoir les analyses existantes sur la viabilité de toutes les sources d'énergie, de chiffrer et de publier leur empreinte carbone, la quantité d'eau nécessaire pour leur production et les co?ts de suivi. Cette Agence établira une base d'informations et recueillera des informations sur le secteur énergétique mondial. Dans ces activités en direction des gouvernements, du public et des autres parties concernées, IRENA s'emploiera à réfuter les idées précon?ues - comme le fait que les énergies renouvelables sont chères.

L'inclusion des facteurs externes : Il faut trouver un moyen de réduire les co?ts additionnels créés par les technologies des énergies qui émettent du carbone. La mise en place d'une taxe carbone est une mesure appropriée. Une autre solution consiste à adopter des mesures de soutien direct au secteur des énergies renouvelables. Des tarifs préférentiels de l'électricité avec des ajustements tenant compte du développement technologique garantissent que les énergies renouvelables contribueront à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Chaque pays devra decider de la direction à prendre. Une exemption fiscale pour la biomasse produite de fa?on viable est une autre solution. IRENA aidera ses membres à créer le cadre politique, économique et social approprié pour que leurs politiques, leurs programmes et leurs réglementations aient l'effet voulu.

Même si les énergies renouvelables ont été boudées dans le passé, elles se sont beaucoup développées. Compte tenu des avantages qu'elles présentent pour la société, l'environnement et le climat mondial, il est clair que cela ne co?terait pas trop cher de les introduire à grande échelle dans l'économie mondiale. Pour y parvenir, IRENA apportera son appui à ses membres, afin de construire un monde entièrement alimenté par les énergies renouvelables. Je suis s?re qu'à l'avenir, le matériel à énergie renouvelable sera vendu dans les hypermarchés - comme les notebooks et les téléphones portables aujourd'hui.

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