1 mars 2008

Nous vivons dans une époque de prouesses. De la nanochirurgie aux stations spatiales, des sites de mises en réseau aux cellules photovolta?ques, des jeunes entreprises d'informatique au capital social, le monde est un lieu mieux connecté, plus attirant et plus s?r, au-delà de tout ce dont on pouvait rêver, même il y a cinquante ans. Les gens vivent plus longtemps, sont en meilleure santé et jouissent d'une liberté sociale et politique sans précédent. Pourtant, malgré ces progrès, une grande partie du monde est laissée pour compte. Dans les pays les plus pauvres, un enfant sur cinq meurt avant l'?ge de cinq ans, souvent à cause de maladies qui peuvent être évitées, ou ont un accès limité à l'eau potable et à l'éducation de base et aux opportunités pour sortir de la pauvreté. Les femmes pauvres ont plus de chances de mourir en couches et sont souvent moins éduquées que les hommes.


Réduire ces écarts est un impératif moral reconnu dans la Déclaration du Millénaire de 2000 qui a été signée par 147 dirigeants mondiaux afin de réduire d'ici à 2015 de manière significative la pauvreté. Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) adoptés par la suite énumèrent clairement les principaux défis du développement dans le monde qui sont liés à la pauvreté, notamment la faim, la mortalité infantile et l'inégalité des sexes. Il est également clair que des ressources sont nécessaires pour relever ces défis. La question est de savoir qui doit les fournir et comment.


Le commerce crée la richesse. En tant qu'institution apparentée aux Nations Unies, le Centre de commerce international (CCI) s'est engagé à réaliser les OMD. Pour nous, le commerce est le moyen le plus efficace de sortir du piège de la pauvreté. Pour éradiquer la pauvreté et ses nombreux maux, nous centrons notre effort sur la production de la richesse économique en aidant les pays pauvres à promouvoir le commerce. Le recours au commerce pour s'attaquer à la pauvreté et à ses causes n'a pas que des bénéfices purement financiers. Le commerce engendre des revenus, mais permet aussi d'acquérir des compétences et des connaissances. La confiance que les gens acquièrent en finan?ant leurs propres progrès constitue la base de la croissance qu'aucune aide étrangère, quel que soit son montant, n'est à même de fournir, bien qu'elle soit souvent un complément nécessaire.


L'histoire, à la fois ancienne et moderne, nous montre que le commerce et la prospérité vont de pair. Les anciennes civilisations riches, que ce soit Rome, Carthage, le Ghana ou l'?gypte dépendaient du commerce pour leur développement, comme les puissances commerciales d'aujourd'hui. Notre objectif est d'aider davantage de pays à s'intégrer dans l'économie mondiale actuelle et à profiter des perspectives de croissance.
Les exportations vers les nouveaux marchés créent de nouveaux emplois et, avec des revenus plus élevés, les citoyens et les gouvernements peuvent scolariser les enfants, construire des puits, acheter des médicaments et améliorer la qualité de vie de l'ensemble de la société. La participation au commerce mondial transforme les économies. ? cet égard, la Chine, le Brésil et l'Inde sont souvent cités. La croissance commerciale a permis à ces pays de diminuer de manière significative le nombre de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour, et une nouvelle classe moyenne a vu le jour.


Pourtant, dans les pays en développement, il existe toujours une certaine ambivalence concernant le recours au commerce pour lutter contre la pauvreté. Seulement 10 % des Cadres des Nations Unies pour l'aide au développement ou des stratégies de pays pour le développement mentionnent le commerce. Nous devons veiller à ce que la voix des personnes impliquées dans le commerce soit entendue quand les donateurs et les gouvernements élaborent leurs stratégies nationales.


Faire du commerce un instrument du développement . Ayant comme vision et comme mandat de promouvoir la qualité de vie des populations gr?ce aux exportations, le CCI aide les pays en développement à choisir les exportations qui bénéficieront les personnes les plus marginalisées de la société, ainsi que celles qui possèdent le plus grand potentiel.


Nous aidons les décideurs politiques à comprendre les problèmes liés à la pauvreté dans deux domaines essentiels avec des conséquences à long terme. Premièrement, les négociations commerciales - qu'il s'agisse des chefs de petites entreprises en Inde, des producteurs de coton en Afrique de l'Ouest ou des producteurs de cultures vivrières au Kenya - permettent aux négociateurs de prendre en compte les préoccupations de leurs petites entreprises lorsqu'ils acceptent les termes des traités commerciaux. Deuxièmement, le CCI sensibilise les responsables chargés de l'élaboration des stratégies nationales d'exportation aux besoins des petites entreprises et des communautés pauvres, afin qu'ils jettent les bases d'une approche au développement favorable aux pauvres.


Nous devons prêter une plus grande attention aux populations les plus vulnérables. Alors que l'Asie de l'Est a dépassé l'objectif visant à réduire de moitié la pauvreté monétaire, qui est passée de 30 % en 1990 à 10 % en 2004, la situation est bien différente en Afrique subsaharienne qui abrite la plupart des pays les plus pauvres au monde, où 40 % de la population vit toujours avec moins d'un dollar par jour, contre 46 % en 1990.


Le CCI s'est engagé à accorder davantage de ressources aux pays les moins avancés, aux petits ?tats insulaires et aux nations sortant d'un conflit. Dans ces pays, il s'emploie à trouver des solutions pour les petites entreprises et les femmes chefs d'entreprise - ceux qui traditionnellement n'exportent pas - afin d'augmenter leurs revenus au moyen du commerce. Les femmes représentent la majorité des pauvres dans le monde. Aider les femmes à développer leur entreprise est essentiel pour réduire la pauvreté. Nos études montrent que les femmes chefs d'entreprise investissent généralement leurs profits dans leur famille et leurs communautés.Dans les ?tats sortant d'un conflit, par exemple, le CCI aide à la relance économique et à l'accès des petites entreprises aux marchés mondiaux. En Sierra Leone, par exemple, le CCI a contribué à relancer la culture du gingembre et les exportations vers l'Europe. Au Rwanda, et au Burundi, il encourage les exportations d'huiles essentielles produites et distillées par de petites entreprises. Dans tous ces cas, les femmes représentent une proportion importante d'agriculteurs. Le CCI appuie également les initiatives de plus grande envergure, comme l'Initiative d'aide au commerce qui comprend des fonds pour développer les compétences commerciales et les capacités de production. Ses projets de pays regroupent des partenaires du secteur privé et le gouvernement. Nous travaillons souvent avec d'autres organismes de développement, ainsi qu'avec des organisations non gouvernementales locales et internationales.


Changement pour l'amélioration de la vie des populations. Notre but est de créer un bénéfice durable. Pour que le commerce contribue au développement durable, nous essayons de prendre en compte dès le début de nos projets les questions comme le développement social et la protection de l'environnement, bien que celles-ci nécessitent une planification, une mise en ?uvre et une évaluation plus complexes. Alors que les bénéficiaires de notre aide sont les petites et moyennes entreprises qui exportent, nous travaillons avec trois groupes principaux : les décideurs politiques; les institutions d'appui au commerce (les organisations de promotion du commerce, les associations d'exportateurs et les instituts de gestion de la qualité) et la communauté des entreprises, y compris les grandes entreprises qui jouent le r?le de mentor dans plusieurs programmes.


Nous aidons nos partenaires à trouver des solutions commerciales qui répondent aux problèmes sanitaires, écologiques et sexospécifiques. Par exemple, le CCI a l'intention d'élargir ses activités et de traiter l'égalité des sexes, notamment avec le lancement en 2008 du ? Programme d'intégration des femmes au développement du commerce ?. Au niveau des politiques, il aide les pays à inclure dans les stratégies commerciales nationales une démarche tenant compte des sexospécificités et aide les institutions d'appui au commerce à répondre aux besoins des femmes exportatrices. Au niveau des entreprises, il lie directement les femmes chefs d'entreprise aux marchés mondiaux et les aide à développer les compétences commerciales pour les intégrer dans ce marché.


Poursuivre sa route. Le développement, y compris le développement du commerce, est un processus lent qui nécessite un changement des comportements. Il faut parfois surmonter des formes de résistance internes et externes qui influent sur le succès du commerce comme outil du développement. Les gouvernements doivent veiller à ce que les bénéfices soient accessibles à l'ensemble de la population. Ils devraient procéder à des consultations plus larges et plus fréquentes afin d'assurer que les objectifs du développement sont réalisés. Le commerce permet aux pays en développement de ? prendre les choses en main ? - à condition que les barrières commerciales ne constituent pas des obstacles. Les pays riches, en particulier, doivent s'engager à ouvrir les marchés aux pays en développement.


Nous pouvons mieux nous informer sur le développement du commerce. En tant que citoyens, nous devons continuer à tenir les gouvernements responsables des promesses qu'ils ont faites, ceux des pays riches comme des pays pauvres. L'innovation et le dynamisme qui existent dans de nombreux secteurs d'activité devraient être mis à profit pour éradiquer la pauvreté. Si nous les exploitons pour développer le commerce, nous pourrons mettre fin à la pauvreté extrême et aux inégalités - la prouesse la plus remarquable de notre temps.


Une noix pour sauver une forêt pluviale

Au nord de la Bolivie, le CCI a travaillé avec un groupe d'entreprises qui récoltent et transforment les noix du Brésil destinées à l'exportation. En 2003, cette activité qui constitue l'exportation majeure de cette région amazonienne frappée par la pauvreté représente une valeur de 48 millions de dollars. Mais la réglementation stricte de l'Union européenne et un contr?le des maladies insuffisant à la source de la production ont entraíné une diminution des exportations.


Entrepris en 2001, le projet du CCI a créé un Centre de formation et qualité en Bolivie, qui analyse les envois exportés pour en vérifier la conformité avec les exigences de sécurité alimentaire. Le Centre propose une formation dans des domaines comme la qualité du produit, le contr?le des maladies et la surveillance des tendances du marché. Le b?timent où se déroulent ces activités offre aussi des installations pour la pratique du sport ou d'activités sociales, comme un terrain de football et un thé?tre, ce qui comble un vide au sein de la communauté locale.


Les incidences sur le secteur ont été mesurables : en 2003, les exportations ont atteint 16,3 millions de kilos, par rapport à 7,25 millions en 1995. Cette activité croissante contribue à sauver la forêt pluviale. Les noix du Brésil ne poussent qu'à l'état sauvage, à raison d'un à trois arbres de grande taille par hectare. En même temps, cette activité crée des emplois dans les zones rurales et contribue à sortir des milliers de travailleurs et leur famille de la pauvreté.

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