11 juin 2012

La Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement qui s'est tenue à Rio de Janeiro en juin 1992, appelée aussi Sommet de la Terre, a été un événement historique. Elle a adopté la Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, connue sous le nom des Principes de Rio, ainsi qu'Action 21, un programme d'action pour le développement durable dans le monde, et a donné lieu à des instruments juridiquement contraignants sur les changements climatiques et la biodiversité. Un grand nombre d'autres accords importants et de plans d'action ont vu le jour dans le cadre du suivi de Rio, y compris ceux concernant la lutte contre la sécheresse et à la désertification et la promotion du développement durable des petits ?tats insulaires en développement. Le Sommet a fait naítre de grands espoirs pour l'avenir.

Deux décennies après, le monde a connu des changements immenses. En une génération, la population mondiale a augmenté de près d'un milliard et demi de personnes, environ un milliard dans nos villes, et des millions de personnes ont basculé dans la pauvreté la plus abjecte. Nombreux sont ceux qui vivent plus longtemps et en meilleure santé; les taux de mortalité ont considérablement diminué; et des progrès considérables ont eu lieu en matière d'autonomisation des femmes et d'autres groupes désavantagés.

Malgré cela, la croissance économique qui a engendré d'immenses transformations dans le monde a eu aussi des conséquences écologiques importantes. Des changements climatiques à la perte de la biodiversité en passant par la dégradation des terres et la pénurie croissante d'eau douce, bon nombre des défis auxquels les dirigeants mondiaux étaient confrontés en 1992 se sont aggravés. De plus, les avantages de la mondialisation n'ont pas été partagés de manière égale, et les écarts de revenus et de richesse se sont accentués. Alors que l'accroissement de la prospérité a permis aux pays de faire face à certains problèmes environnementaux, d'autres sont aujourd'hui d'une telle ampleur qu'ils nécessitent une coopération et une action internationales urgentes.

Alors qu'il est important de reconnaítre les progrès qui ont été faits, les vingt dernières années ont été aussi caractérisées par une mise en ?uvre insuffisante et des occasions manquées. Nous devons donner un nouvel élan au partenariat mondial d'Action 21 en faveur du développement durable et intensifier nos efforts. Nous ne pouvons perdre de temps.

En juin de cette année, les dirigeants mondiaux se réuniront à RIO avec l'objectif de renouveler leur engagement politique en faveur du développement durable, en évaluant les progrès et les lacunes restantes en matière de mise en ?uvre et en examinant les nouveaux défis. L'accent sera mis sur l'intégration des trois piliers du développement durable (économique, développement et protection de l'environnement), l'accélération de la mise en ?uvre et le renforcement de la cohérence entre tous les acteurs, y compris les diverses parties du système de l'ONU. Les deux thèmes de la Conférence sont une ? économie verte ? dans le cadre du développement durable et de l'éradication de la pauvreté et le cadre institutionnel du développement durable.

Au cours des derniers mois et des dernières semaines qui ont précédé la Conférence, nous avons connu une période de négociations intense, et il nous faut maintenant obtenir des résultats orientés vers l'action à la hauteur des multiples défis actuels dans les domaines social, économique et environnemental.

La récente émergence de ces crises globales a suscité de nombreuses réflexions et de nombreux débats sur notre modèle économique actuel. Alors qu'il est largement admis qu'une croissance économique menée sur un large front est, et continue à être, le moyen le plus efficace pour éradiquer la pauvreté, on comprend de plus en plus qu'au XXIe siècle la croissance sera plus ? intelligente ? qu'au XXe siècle et, surtout, que la consommation non durable devra changer et être associée à une utilisation de l'énergie et des ressources beaucoup moins intense et à une pollution bien moins lourde.

Une économie verte inclusive pourrait offrir un autre modèle de croissance économique. Mise en ?uvre efficacement, une économie verte qui prend en compte les circonstances nationales permettrait de progresser vers une éradication de la pauvreté tout en limitant, réparant et même inversant les dommages causés aux écosystèmes mondiaux. En mobilisant les efforts parmi de nombreux secteurs, l'économie verte peut susciter un élan en faveur d'une croissance économique sans exclusion sociale et respectueuse de l'environnement. Pour y parvenir, il faut une conception des produits plus intelligente, une utilisation des ressources plus efficace, une réduction de l'utilisation des ressources naturelles, des émissions plus faibles ainsi qu'une réduction des déchets et de la pollution. Surtout, toutes ces mesures doivent être prises de manière à ce que les groupes pauvres et vulnérables soient au centre du processus.

Les débats qui ont eu lieu sur le concept d'une économie verte au cours des années passées ont révélé que les économies vertes peuvent prendre diverses formes et varier en fonction du contexte du pays, de son niveau de développement, des modalités de sa gouvernance et de sa situation géographique. Un certain nombre d'instruments politiques peuvent être uti- lisés pour promouvoir une économie verte, où les stratégies basées sur les mécanismes du marché devront être associées de fa?on efficace et globale à des cadres réglementaires appropriés, à des investissements dans l'infrastructure publique et à des mesures visant à stimuler la recherche et l'innovation.

Toutefois, certaines caractéristiques d'une économie verte pourraient constituer la base d'un accord à la Conférence Rio +20. Ces éléments communs renforcent les nombreux principes convenus à Rio en 1992. Par exemple, une économie devrait :

  • être un moyen de parvenir au développement durable et d'intégrer ses trois piliers;
  • être adaptée aux situations et aux priorités nationales à titre volontaire;
  • être mise en concordance avec la souveraineté nationale et les responsabilités communes, mais différentes;
  • reposer sur une utilisation rationnelle des ressources, une consommation durable et des modèles de production durables;
  • être axée sur la personne humaine, promouvoir une croissance inclusive et engendrer une plus grande égalité dans la distribution des bénéfices et améliorer la protection sociale.


Il est clair que les opportunités offertes par une économie verte varieront selon les pays. Les pays en développement auront à surmonter un certain nombre d'obstacles, financiers, technologiques et institutionnels pour tirer le meilleur parti des opportunités qu'une économie verte peut offrir. La communauté internationale devra apporter un plus grand soutien au renforcement des capacités, au transfert des technolo- gies et au financement et fournir un soutien technique plus important.

Lors de la Conférence Rio +20, une priorité sera accordée à la nécessité de mieux organiser l'expertise au sein du système de l'ONU et de la communauté internationale pour assurer aux gouvernements la fourniture de conseils cohérents et concertés sur les politiques à suivre, dispenser une assis- tance technique, fournir des fonds et renforcer les capacités afin de les aider dans la conception et la mise en ?uvre de politiques et de stratégies d'économie verte. La Conférence offre une occasion de renforcer le cadre institutionnel pour une coordination efficace et un appui aux ?tats Membres.

Un élan s'est créé en vue de conclure à Rio +20 un accord pour définir les Objectifs de développement durable (ODD) qui mobilisent la communauté internationale et concentrent les efforts des gouvernements nationaux et des autres parties concernées. Cette réflexion s'est inspirée des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Les ODD devront compléter et renforcer les OMD, qui ont été essentiels pour promouvoir l'éradication de la pauvreté et le développement social. Une caractéristique essentielle des ODD est qu'ils seront applicables aux pays en développement et aux pays développés et encourageront les partenariats dans les efforts communs consentis pour s'attaquer aux défis du développe- ment durable. Nombre de pays en développement continueront à avoir besoin d'un soutien financier et technologique pour harmoniser le développement et l'environnement.

Un appel fort a également été lancé pour mettre en place un cadre institutionnel renforcé pour promouvoir l'intégration, la mise en ?uvre et la cohérence du développement durable. Le soutien apporté par un certain nombre de gouvernements et la société civile est encourageant. Nous avons besoin d'une institution de haut niveau pour donner au développement durable un rang plus élevé dans les priorités d'action de la communauté internationale et susciter un haut niveau de participation et d'engagement de la part des gouvernements et des autres décideurs.

Un large consensus s'est créé sur la nécessité de renforcer le pilier environnemental du développement durable et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), en particulier, comme organisation centrale.

Rio +20 doit être surtout une conférence de mise en ?uvre. Elle offre aux dirigeants mondiaux une occasion qui ne se présente qu'une seule fois dans une génération, avec le soutien de toutes les parties prenantes et de tous les peuples du monde entier, de prendre des décisions ambitieuses qui fourniront un cadre d'action solide pour réaliser le développement durable. Cela ne sera possible que si nous poursuivons activement et vigoureusement les trois objectifs du développement durable : le développement économique, le bien-être social pour tous et un environnement sain pour les générations présentes et futures. J'espère sincèrement que les résultats seront à la hauteur des défis.

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