Pendant des siècles, les communautés rurales des hauts plateaux des Andes ont utilisé l'eau produite par la fonte des glaciers de cette étonnante chaíne de montagnes. Or, le recul de ces glaciers force les populations à modifier leurs moyens de subsistance et à chercher des fa?ons de s'adapter. Dans une perspective plus vaste, la fonte des glaciers est une image emblématique du réchauffement climatique pour les plus grandes villes des Andes qui dépendent des glaciers pour leur approvisionnement en eau potable. Malheureusement pour ces populations, la source de ce problème particulier et les solutions possibles résident loin de leur sphère d'influence du fait que les actions locales contribuent très peu à résoudre ce problème.
Comme l'a indiqué en 2003 et en 2007 le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), la fonte des glaciers dans les Andes, l'Himalaya et les Alpes est la conséquence du réchauffement climatique, un processus dont les hommes sont responsables et qui est directement lié à l'industrialisation qui s'est produite au cours de ce siècle, suscitant en particulier une demande en énergie produite à partir des combustibles fossiles. Les émissions de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2), l'oxyde nitreux (NO2), le méthane (CH4) et les émissions des aérosols ont un effet direct sur le for?age radiatif (la différence entre l'énergie radiative re?ue et l'énergie radiative émise) dans l'atmosphère, provoquant un réchauffement climatique. Ce réchauffement se manifeste par une hausse des températures dans les océans et l'atmosphère. L'absorption de la chaleur est le principal facteur responsable de l'augmentation du niveau des océans et provoque la fonte des glaciers et des calottes glaciaires. Et bien entendu, la fonte des glaciers continentaux dans l'Antarctique et au Groenland contribue également à l'élévation du niveau de la mer.
Reconnaissant la nécessité de faire face à ce problème au niveau mondial, les gouvernements ont créé le GIEC afin de fournir une base pour étudier l'étendue du problème ainsi que la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) comme mécanisme visant à faciliter les négociations intergouvernementales. Les organisations des Nations Unies jouent également un r?le important. Par exemple, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) apporte depuis longtemps son appui aux services météorologiques nationaux qui fournissent les données nécessaires au suivi des variables essentielles du climat (EVC), comme la température de l'air et de l'eau, la glace de mer, la vapeur d'eau et la salinité, etc. L'OMM est également à la tête du Système mondial d'observation du climat (SMOC) qui surveille ces variables essentielles du climat. D'autres organismes nationaux et organisations régionales dans le monde contribuent aussi au suivi des variables climatiques comme le niveau des océans, la couche d'ozone et les processus chimiques qui l'affectent ainsi que des émissions de gaz à effet de serre provenant des incendies de forêt, et permettent de mieux comprendre les interactions entre les océans, la terre et l'atmosphère. Les informations recueillies par satellite permettent de suivre les changements du volume de glace stockée dans les calottes polaires et les glaciers. La capacité des satellites d'effectuer des mesures globales standardisées de tous les glaciers ainsi que de toutes les calottes glaciaires change de manière uniforme et périodique. Les instruments installés sur satellite sont un moyen idéal car, à cause des conditions climatiques rudes, il est difficile d'assurer une permanence humaine pendant toute l'année. En outre, au niveau des calottes polaires, il serait presque impossible de mesurer périodiquement et avec suffisamment de précision l'extension des calottes et leur dynamique, étant donné qu'il n'existe aucun repère terrestre sur lequel établir des points de comparaison pour effectuer les mesures géospatiales nécessaires.
Vu l'importance du changement climatique depuis les années récentes, les agences spatiales ont créé des programmes pour la surveillance et le suivi des changements climatiques. Les satellites scientifiques mis en orbite par ces agences fournissent des données sur la chimie atmosphérique et sa dynamique, les changements de la couverture végétale et l'évolution des océans, sur lesquelles les décideurs gouvernementaux s'appuient pour élaborer des politiques et des mesures d'atténuation et d'adaptation conformément au Protocole de Kyoto. D'autres applications des techniques spatiales comprennent l'évaluation de l'effet du réchauffement climatique sur les terres humides qui abritent une variété d'écosystèmes et d'espèces, dans le sol gelé en permanence (pergélisol) ainsi que dans les océans, en particulier au niveau du plancton, des écosystèmes marins et de l'équilibre biochimique du système océan-atmosphère.
En outre, les satellites permettent d'accéder à des données nécessaires pour suivre la formation et la dissipation des nuages ainsi que les processus de convection entre la troposphère et la stratosphère. ?tant donné qu'on ne sait pratiquement rien sur le r?le des nuages sur les flux radiatifs et qu'on n'en comprend pas encore très bien le cycle hydrologique, les données satellites permettront au GIEC d'améliorer les modèles et de réduire les incertitudes. Les satellites permettent également d'évaluer la vulnérabilité face au changement climatique. Les observations spatiales sont idéales pour compléter les relevés effectués sur le terrain avec des informations mises à jour sur l'utilisation des terres et les changements d'affectation des terres dues à la croissance démographique, à la migration urbaine, aux conflits et à la pauvreté. Par exemple, la vulnérabilité des villes c?tières sera essentielle pour identifier les mesures d'adaptation. Les informations d'origine spatiale peuvent également permettre d'évaluer la vulnérabilité des cultures dans les plaines inondables de faible altitude dans les régions c?tières. Dans le contexte de l'évaluation des risques, les outils spatiaux offrent une plate-forme idéale pour évaluer l'exposition des éléments vulnérables non seulement au changement climatique mais aussi à d'autres facteurs néfastes.
Dans le cadre des Nations Unies, le Comité des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique (COPUOS) est le lieu où se concluent les accords mondiaux, notamment sur les débris spatiaux, sur les politiques relatives aux divers types d'orbites et, plus récemment, sur les systèmes mondiaux de navigation et la législation spatiale. En 1999, durant la conférence internationale UNISPACE III, les ?tats Membres ont reconnu la contribution des sciences et des applications des techniques spatiales au bien-être de l'humanité et au développement durable dans des domaines comme la gestion des catastrophes, les prévisions météorologiques pour la modélisation du climat, la navigation des satellites et les communications.
La question du changement climatique a été récemment abordée au sein du COPUOS dans un colloque organisé pendant la quarante-sixième session de son Sous-Comité scientifique et technique, qui a eu lieu en juin 2009 à Vienne. Appuyant le COPUOS dans son r?le de secrétariat chargé de renforcer le dialogue politique entre les ?tats Membres, le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies (UNOOSA) a mis en ?uvre des initiatives pour promouvoir l'utilisation d'informations d'origine spatiale. Il a récemment créé l'UN-SPIDER-programme pour l'exploitation de l'information d'origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence. En outre, la section des applications des techniques spatiales et celle des services au Comité et de la recherche de l'UNOOSA ont organisé une série de conférences et d'ateliers sur les effets du changement climatique dans les zones de montagnes, sur le développement durable, l'agriculture, la sécurité alimentaire ainsi que sur les problèmes juridiques que pourraient soulever les applications des techniques spatiales.
L'objectif de l'UNOOSA est de promouvoir l'acquisition et l'utilisation des données recueillies par les satellites afin de contribuer à la compréhension et à la modélisation du changement climatique comme moyen de suivre son impact à long terme. Cette vision pourrait permettre aux populations andines ainsi qu'à celles du monde entier d'utiliser les informations d'origine spatiales et de prendre conscience de l'ampleur du problème et aux décideurs d'appréhender le problème dans toute son ampleur afin de conclure un accord à Copenhague.
Les vues exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de l'UNOOSA.
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