18 décembre 2014

La criminalité liée aux espèces sauvages et aux forêts affecte les nations vulnérables et représente aujourd’hui une menace grave pour la sécurité, la stabilité et l’économie de pays et de régions entières. L’Assemblée générale des Nations Unies et le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et la Commission des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale ont exprimé leur profonde inquiétude face au pillage des ressources naturelles et du patrimoine national.

Les profits en jeu sont immenses : la criminalité liée aux espèces sauvages figure au rang du trafic des stupéfiants et de la traite des êtres humains et peut représenter une valeur de 20 milliards par an, tandis que le commerce illégal du bois co?te à l’économie mondiale entre 300 et 100 milliards de dollars par an. La corruption graisse les rouages de cette activité, des pots-de-vin étant versés à toutes les étapes du processus, de l’exploitation de l’origine d’un produit à sa mise sur le marché. Si les incitations sont évidentes pour les criminels, les mesures prises pour les combattre restent nettement insuffisantes.

Face à ce carnage qui ne cesse de cro?tre, plusieurs organisations internationales ont entamé des discussions en novembre 2009 pour s’attaquer à ce fléau sur plusieurs fronts : le développement, l’application des lois et l’environnement. En novembre 2010, le Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC) a été officiellement lancé lors du Forum international pour la conservation du tigre qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg (Russie).

Le Consortium comprend cinq organisations : le Secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL), l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale des douanes (OMD). Cette nouvelle approche permet de réunir des experts qui travaillent dans les domaines du renforcement des capacités en matière d’application de la loi et de justice pénale ainsi que dans les domaines sociaux et économiques.

Avant la création de l’ICCWC, la destruction de la flore et de la faune sauvages était largement considérée comme une question relevant de? la conservation. Malgré les actions considérables menées par les organisations intergouvernementales et non gouvernementales pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages et aux forêts, ces activités n’ont montré aucun signe de fléchissement.

Un facteur essentiel et qui, jusqu’à présent, a probablement été sous-estimé, est le r?le des groupes criminels organisés qui agissent par le biais de réseaux sophistiqués. Face à des ennemis dotés de ressources considérables et bien armés, les services de répression peuvent se trouver confrontés à des défis immenses.

Ces cinq organisations offrent une pépinière unique de spécialistes dans les domaines techniques et de programmation pertinents. L’approche offre un soutien coordonné aux gouvernements des pays concernés, aux services chargés de l’application des lois et aux réseaux sous-régionaux qui s’attachent à protéger les ressources naturelles mondiales de l’exploitation criminelle. L’accent est mis sur l’amélioration de la coordination et de la coopération entre les régions et à tous les stades de la procédure policière et judiciaire; sur le renforcement des capacités à long terme des services nationaux de répression; et sur la consolidation de connaissances concernant l’ampleur et la nature de ces activités criminelles ainsi que les incitations et les interventions possibles pour y remédier.

L’ICCWC vise à fournir à ces autorités les outils et les services dont elles ont besoin pour lutter contre la criminalité environnementale. Toutes les organisations possèdent une expérience considérable en matière d’assistance technique et certaines disposent de bureaux nationaux ou régionaux qui travaillent déjà sur le terrain en parallèle avec les services nationaux de répression. Chacune, à sa manière, a mené des recherches approfondies dans le domaine de la criminalité et des moyens efficaces pour la combattre. Elles possèdent une vue d’ensemble des questions de criminalité et de contrebande qui n’existe nulle part ailleurs.

Les organisations qui forment l’ICCWC s’appuient sur une grande expérience pour mettre au point et dispenser une formation complète et pour réaliser des dossiers sur le renforcement des capacités pour les agents de lutte contre la fraude aux niveaux régional et sous-régional. Plusieurs d’entre elles sont dotées de canaux de communication qui permettent la diffusion de renseignements en temps réel pour aider les organismes nationaux de lutte contre la fraude à évaluer les risques, au ciblage et au profilage, et pour faciliter les investigations dans différents pays. Elles savent coordonner les opérations multinationales de ciblage du commerce illégal et de la contrebande.

? moyen et à plus long terme, l’ICCWC sera parfaitement placé pour mettre au point avec succès des programmes pour :

  • mieux sensibiliser à la criminalité liée aux espèces sauvages;
  • fournir une analyse et un appui institutionnel;
  • renforcer la capacité des institutions nationales,? des organisations régionales et?sous-régionales?de?lutte contre la fraude en tenant compte de toute la gamme des techniques d’investigation et de poursuite en justice;
  • favoriser des actions de lutte contre la fraude coordonnées;
  • appuyer des examens analytiques, en particulier avec l’outil d’analyse de la criminalité en matière d’espèces sauvages et de forêts;
  • mettre l’accent sur la criminalité en matière d’espèces sauvages?dans les organisations nationales pertinentes;
  • promouvoir la gestion et le développement des ressources naturelles;
  • comprendre et s’attaquer aux auteurs de délits touchant aux espèces sauvages et réduire la demande.

Lors de la première Assemblée des Nations Unies sur l’environnement, qui a eu lieu en juin 2014, les 193 membres des Nations Unies et les parties prenantes ont souscrit à une nouvelle vision de la dimension environnementale du développement durable. Les ?tats Membres se sont réunis pour définir une volonté politique mondiale afin d’enrayer la destruction de la nature. Parmi les points inscrits à l’ordre du jour de l’Assemblée figuraient l’état de droit en matière d’environnement et le commerce illégal du bois et des espèces sauvages.

L’ICCWC peut jouer un r?le vital pour canaliser cet élan en mobilisant les spécialistes mondiaux. Reconnaissant que l’un des problèmes actuels les plus significatifs doit faire l’objet d’une action mondiale, ce Consortium affirme son action en effectuant des interventions concrètes et en faisant appel aux technologies de pointe afin d’éviter une tragédie planétaire.

Des informations complémentaires sur l’ICCWC sont disponibles sur le site

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